Expositions Virtuelles

Chère amie.. exposition d’une matière épistolaire
Les archives Jacques Copeau conservées à la Société d'histoire du théâtre

Présentation

La Société d’histoire du théâtre met en ligne l’inventaire des documents et des archives Jacques Copeau conservés dans ses collections. Des centaines de lettres, de brouillons, d’essais et de fragments de textes jetés sur des carnets, des papiers, des feuilles volantes… des coupures de presse, des dossiers de presse, quelques photographies, des dédicaces, des hommages…

Jacques Copeau fut, des années 1930 à son décès, le Président d’honneur de la Société d’histoire du théâtre. Il fut attendu par Léon Chancerel et Louis Jouvet, qui rêvaient que Copeau s’investisse plus largement dans les activités de la Société, qui reprend sur bien des points le programme artistique et spirituel de Copeau : une vision commune du théâtre et de l’art où se noue tradition populaire du théâtre, rapport aux textes du répertoire, attention particulière à la formation et aux improvisations corporelles, formalisation d’un collectif guidé par un maître… plus largement, on pourrait envisager la forme du Bulletin des historiens du théâtre, créé en 1933, qui devient la Revue d’histoire du théâtre en 1948 sous l’impulsion de Louis Jouvet, comme une analogie graphique à la scène dépouillée que préconise Copeau : une maquette dépouillée au service du texte, du document et de la matière archivistique, une étude érudite et limpide des faits théâtraux, qui demeure au plus près des sources.

Aux côtés de la publication de la revue, le rapport aux archives, à leur conservation et aux savoirs qu’elles génèrent et transmettent prend également racine dans le leg revendiqué de l’école Copeau, une relation vivante et renouvelée aux pratiques traditionnelles, aux textes du passé, à une mémoire du théâtre qui irrigue et régénère le présent. La lettre de Jouvet à Copeau publiée par Gallimard en 2018 traduit ce désir de tutelle, ce lien que tente de tisser les fondateurs de la Société d’histoire du théâtre :

Monsieur Jacques Copeau
Pernand-Vergelesse,
Côte-d’Or

Mon cher Patron,

Nous nous sommes unanimement réjouis de pouvoir inscrire votre nom en tête du Comité de la SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DU THÉÂTRE.
Vous présidiez la SOCIÉTÉ DES HISTOIRIENS DU THÉÂTRE, dont nous développons l’activité. Et, avec Chancerel et nos compagnons, nous n’avons pas pensé à une plus sûre autorité que la vôtre pour entreprendre les tâches que nous comptons mener à bien : chaire d’histoire du théâtre à la Sorbonne, salle centrale des catalogues des fonds théâtraux des bibliothèques publiques, musée du théâtre.
De Pernand, vous souriez un peu de notre agitation. Mais l’époque, malgré les difficultés, est propice à nos démarches.
Schlumberger, à qui j’ai téléphoné récemment sans savoir qu’il rentrait de Bourgogne, m’a donné de vos nouvelles : elles étaient bonnes et rassurantes sur votre santé. Cela me fit plaisir.

Bien affectueusement à vous.
Louis Jouvet

Inventaire-SHT-Jacques Copeau

Focus sur la correspondance Copeau-Teillon

Jacques Copeau a entretenu entre 1911 et 1944 une correspondance suivi et abondante avec Pauline Teillon, qui était aussi la sœur de Charles Dullin. Ils se rencontrent en août 1911, en Savoie. Elle devient rapidement son amie et sa confidente. Nous proposons pour ouvrir cette exposition quelques fragments de cette correspondance – des sortes de focus, de zoom sur cette matière épistolaire, afin d’en restituer la graphie, les ratures (rares), la finesse de l’écriture, la couleur de l’encre…

La première lettre de Jacques copeau à Pauline Teillon parle du Vieux-Colombier, quelques jours avant son ouverture, le 28 septembre 1915 :

Le 19 novembre 1922, Jacques Copeau fait part de son souhait d’agrandir son théâtre : « Je suis engagé dans un pour parler pour avoir l’an prochain un théâtre plus grand ». Deux années plus tard, le 21 août 1924, très fatigué, il lui annonce sa décision de quitter le monde théâtral et de fermer son École : « Comme tu sais, je quitte le théâtre. Jouvet prend ma place au Vieux-Colombier ». Dans sa lettre du 5 mai 1925, il revient sur sa décision et avoue ses difficultés financières et son épuisement : « […] de fatigue et de misère. Si j’avais de l’argent tout serait plus facile. Je n’en ai pas ».

Dans la seconde moitié des années trente, Jacques Copeau ne cache pas son souhait de créer et d’ouvrir un nouveau théâtre, projet abordé par exemple dans sa lettre du 15 juin 1936 : « J’espère pouvoir quitter Paris dans quelques jours pour aller travailler à Pernand, dans la solitude et la paix que je ne trouve que là. J’ai fait de longs efforts pour créer un nouveau théâtre ». Il semble à la recherche de nouvelles idées, en dépit de difficultés financières récurrentes, comme il l’écrit dans sa lettre du 8 août 1936 : « J’ai été très fatigué à la fin de la saison. Mais je vais bien maintenant. Je vais faire un film, parce que je n’ai plus un sou, et ensuite monter une pièce à la Porte St-Martin, avant d’entrer en fonctions à la C.F. »

Dans cette exposition, le choix des documents veut donner l’impression au lecteur-spectateur de suivre l’ouverture des boîtes d’archives, de découvrir au travers de ces archives de l’intime de nouveaux pans du parcours théâtral de Jacques Copeau.

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