La fête annuelle de 1910 du Théâtre Antoine-Gémier
Un dossier esseulé parmi les mètres linéaires d’archives consacrées aux spectacles de ces deux derniers siècles… aucune information si ce n’est son titre, écrit à la main sur la couverture cartonnée du dossier : Théâtre Antoine-Gémier.
Une enquête archivistique a permis de déterminer l’événement qui a donné lieu à cette liasse de papiers : l’organisation de la fête annuelle de bienfaisance du Théâtre Antoine, en 1910. Lettres, coupures de presse, listes, programmes… le dossier compulse les documents nécessaires à la tenue de la fête de bienfaisance du 20 décembre 1910, organisée par Firmin Gémier.
Le théâtre porte à cette époque le nom d’Antoine-Gémier en l’honneur de ces deux directeurs : André Antoine, qui a fondé ce théâtre en 1897 et en a établit les grands principes, formels comme politiques, et Firmin Gémier, qui en assure de son côté la direction de 1906 à 1919.
Le théâtre Antoine des années 1897 aux années 1920 est un véritable laboratoire du théâtre social. Son répertoire laisse la part belle aux esthétiques réalistes et naturalistes, aux drames sociaux, (Lucien Descaves, Maurice Donnay, Émile Zola, Octave Mirbeau, Romain Coolus…), ancrés dans des préoccupations et des combats politiques et sociaux traversés par le peuple, rompant avec les conventions bourgeoises de la majorité des théâtres privés et publics de cette époque. Horaires des spectacles, système d’abonnements, le Théâtre Libre d’Antoine devient l’un des premiers espaces à expérimenter l’idée de service public du théâtre.
Aux côtés de la programmation théâtrale, il est aussi un lieu d’accueil pour des manifestations organisées par le Comité des fêtes du peuple ou pour des représentations de bienfaisance au profit d’associations et de syndicats.
C’est dans ce décor que se tient précisément cette fête annuelle de 1910, dont témoigne ce dossier isolé, conservé par la Société d’histoire du théâtre sans plus d’informations sur les raisons qui l’ont mené jusqu’ici.
La liasse de feuillets documente ainsi l’organisation de la fête par les associations des journalistes républicains et parisiens au profil de leurs caisses de secours des veuves et des orphelins. Parmi les représentations données, La faute d’un autre, une pièce de Jean Destrem et, clou de la soirée, une représentation unique des Polichinelles d’Henry Becque.