Revue d’Histoire du Théâtre • N°296 T1 2023
« Faire ressurgir par la parole des gens ce qu’il y avait sous le beau tapis du lac ». Entretien avec Fanny de Chaillé, à propos de l’audioguide Le Mont-Cenis
Par Séverine Ruset
Résumé
Fanny de Chaillé, directrice artistique de Display, est metteuse en scène et chorégraphe. Elle a créé l’audioguide Le Mont-Cenis en 2019, dans le cadre de son association avec Malraux, Scène Nationale Chambéry Savoie. L’audioguide est disponible en libre écoute sur le site de sa compagnie.
Texte
Fanny de Chaillé, directrice artistique de Display, est metteuse en scène et chorégraphe. Elle a créé l’audioguide Le Mont-Cenis en 2019, dans le cadre de son association avec Malraux, Scène Nationale Chambéry Savoie. L’audioguide est disponible en libre écoute sur le site de sa compagnie[1].
Séverine Ruset – Le Mont-Cenis est un col de la Maurienne, situé à environ 2000 mètres d’altitude, qui jusqu’en 1947 servait de frontière entre la France et l’Italie. Le site est caractérisé par la présence d’un lac très bleu, entouré de sommets et d’alpages. Peux-tu évoquer ta première rencontre avec le Mont-Cenis, dire comment il t’est apparu et comment il a fait paysage pour toi ?
Fanny de Chaillé – Il a fait paysage de la façon la plus banale qui soit ! Je faisais en 2016 à Lanslebourg, dans la vallée, un projet de bibliothèque vivante, La Bibliothèque[2], où je travaillais à fabriquer des récits à partir d’histoires que des gens me racontaient. On m’avait parlé du Mont-Cenis, je suis allée m’y balader un week-end. Il faut savoir que je viens de la mer et que j’ai un rapport complètement anxiogène à la montagne, même si depuis huit ans que je suis associée à Chambéry, je l’ai découverte et je commence à l’aimer. Partie de Lanslebourg, je m’attendais à trouver un mont, et je suis tombée sur ce lac. C’était pour moi la carte postale qu’on envoie à ses grands-parents quand on va en vacances à la montagne ; le paysage de montage « idéal ». Même s’il y avait un barrage, je l’ai vraiment perçu comme l’image d’Épinal du paysage de montagne. Impressionnant, naturel (rire), avec tout ce qui va bien : une petite église, un petit jardin alpin, des vaches, des montagnes, cet immense lac… J’étais face à lui comme face à une toile, non sans une certaine fascination, je dois dire. Ne connaissant rien à ce genre de paysage, j’étais totalement éblouie. Quand je suis redescendue, je suis allée à la bibliothèque où je travaillais et j’ai discuté avec la bibliothécaire et les gens de Lanslebourg. Ils ont commencé à me raconter l’histoire du Mont-Cenis.
SR – À l’origine de la création de l’audioguide en 2019, il y a une commande de l’Espace Malraux. Marie-Pia Bureau, sa directrice, t’avait invitée à imaginer une proposition pour ANDIAMO !, festival italo-français pluridisciplinaire lié à un programme de coopération transfrontalière européenne, qui favorise notamment le développement de spectacles créés en montagne. Il me semble que dans le cadre de la commande tu étais libre d’investir le paysage que tu souhaitais, à condition qu’il soit transfrontalier, et d’y créer la forme de ton choix. Pourquoi avoir développé le projet d’un audioguide sur le Mont-Cenis ?
FdC – Quand Marie-Pia m’a passé commande, on a visité plusieurs endroits avec l’équipe de Malraux, Scène Nationale Chambéry Savoie ; on a dormi dans un gîte, fait des randonnées. Le souvenir du Mont-Cenis n’est pas réapparu tout de suite. Au départ, j’avais l’envie de créer un jeu pour les refuges, qui sont des endroits un peu particuliers. On y mange et on y dort, mais ce ne sont pas des endroits où on traîne : on y passe rapidement, toujours fatigué. C’est quand on m’a parlé de la frontière que me sont revenus l’image du Mont-Cenis et le peu qu’on m’en avait raconté. La bibliothécaire m’avait dit que le lac avait une histoire particulière, que des gens y avaient habité parce que c’était un lieu-frontière. J’étais effectivement très libre dans le choix de la forme. Quand ce souvenir du Mont-Cenis est réapparu, je me suis dit que j’allais retourner à Lanslebourg et interroger cette bibliothécaire et les personnes que j’y avais croisées. Je ne comprenais pas bien où ces gens avaient pu vivre, parce que le paysage est quand même fait d’un immense lac et de montagnes ; il n’y a pas de construction, pas de maison, pas de chalet. J’ai donc décidé de faire parler les gens de cette histoire-là. Ils m’ont raconté que le lac était artificiel, qu’il avait été créé par EDF-GDF, et qu’il faisait partie intégrante de leur vie puisqu’ils avaient vécu à l’endroit de ce lac avant de participer à sa construction. On ne peut pas dire qu’ils ont participé à leur propre perte puisque ce lac les a fait vivre depuis, mais ils se sont privés d’une certaine vie, celle qu’ils avaient autrefois sous ce lac, pour s’en réinventer une autre. Le paysage qu’on voit aujourd’hui, magnifique, majestueux, est en fait fabriqué sur des ruines ; leurs propres ruines. Un paysage convoque toujours quelque chose chez moi, je me raconte toujours une histoire. Là, je me disais que je pouvais faire ressurgir par la parole des gens ce qu’il y avait « sous le tapis »… ; sous ce beau tapis qu’est le lac.
SR – La mise en eau du lac du Mont-Cenis en 1969 a entrainé la disparition d’une dizaine de fermes, de plusieurs auberges, d’un hospice, etc. Se cache donc, sous ce paysage qui s’offre à l’admiration des touristes, un paysage englouti, que l’audioguide Le mont Cenis exhume en convoquant des témoignages qui « racontent l’histoire du paysage », pour reprendre une formule de votre introduction. Il s’apparente à ce que les Anglo-saxons désignent comme du « headphone-verbatim theatre » : il fait entendre, sous casque, des paroles effectivement prononcées, que tu as recueillies auprès de « personnes qui vivent ou ont vécu au mont-Cenis », puis regroupées par thèmes (« La vie en alpage » par exemple, ou encore « La frontière » ou « La contrebande »). Pourquoi avoir choisi de mettre ces témoignages au cœur de la création, et pourquoi sous cette forme ?
FdC – Faisant plutôt du théâtre, ce qui m’intéresse, c’est souvent de raconter des histoires. J’évoquais ce projet de bibliothèque vivante que je mène depuis des années, où je fabrique des récits avec des gens à partir de leurs propres histoires. Parler avec la bibliothécaire de l’histoire de ce lieu m’a fait prendre conscience que beaucoup des personnes dépositaires de cette histoire étaient âgées : c’est une mémoire qui risque de disparaître, dont on ne parle plus aujourd’hui. Je me suis installée à Lanslebourg plusieurs semaines. La bibliothèque y est un endroit important, où l’on vient tous les jours discuter, se croiser, donner des nouvelles, etc. Je me suis posée dans cet endroit un peu stratégique pour le récit, puisque c’est là qu’on vient partager des choses, et j’ai passé une annonce : « avez-vous des histoires à me raconter sur le Mont-Cenis ? ». On a fait plusieurs rendez-vous collectifs, des gens sont venus pour discuter et raconter leur vie d’avant. Ce qui est très beau, c’est que ce sont des gens qui ont pour la plupart entre soixante-dix et quatre-vingts ans, et qui ont vécu là-bas enfants. Tous les étés, ils partaient en alpage, pour faire du fromage. Ils y allaient pour travailler pendant des mois et redescendaient en hiver à Lanslebourg. On a fait des réunions collectives où ils se racontaient les uns les autres. C’est parce que certains racontaient que les autres osaient se lancer à leur tour… J’ai fait des enregistrements, puis, les connaissant un peu mieux, je suis allée chez eux mener des entretiens individuels. J’en ai extrait de grands thèmes. Il y avait ceux qui, enfants, faisaient du fromage, gardaient les vaches ; ceux qui étaient un peu plus grands et qui, comme c’était un endroit de frontière, faisaient de la contrebande – de la petite contrebande : des vaches, du sel, etc. Et puis ceux qui m’ont parlé de la guerre. Ceux aussi qui avaient effectué des recherches sur cet endroit, qui connaissaient un peu mieux l’histoire – certains étaient même devenus guides – qui racontaient qu’à cet endroit il y avait eu une immense caserne napoléonienne. Ce sont vraiment des thèmes qui se sont présentés à moi parce qu’ils se recoupaient au fur et à mesure des discussions. Avec Manuel Coursin, qui travaille le son, nous avons ensuite fait un gros travail de montage et de découpage à travers ces différentes paroles.
SR – Si ta démarche de chorégraphe et de metteuse en scène t’amène le plus souvent à créer dans des boites noires, tes projets n’en investissent pas moins régulièrement des espaces non dédiés : des bibliothèques donc, des amphithéâtres d’université, etc. À l’occasion d’une table ronde récente[3], tu expliquais que créer en extérieur était en revanche plus compliqué pour toi, que tu trouvais difficile de te situer dans un paysage à cause du rapport d’échelle qui s’y installait. Est-ce que tu peux revenir sur cette appréhension, et dire comment tu as composé avec elle, voire comment tu l’as surmontée, dans le cadre du projet au mont-Cenis ?
FdC – Beaucoup d’artistes dans le cadre d’ANDIAMO ! ont présenté des performances dans les paysages qu’ils ont choisis. Je m’étais un peu confrontée à ce type de travail il y a des années quand j’étais associée au domaine départemental de Chamarande, et que l’on m’avait demandé de faire des pièces pour l’extérieur. J’avais fait deux pièces : une qui s’appelait Amérique, comme la découverte du monde nouveau qui s’offrait à moi – l’extérieur. C’était une pièce pour une île complètement artificielle, qui se trouve au milieu de ce parc. On était deux interprètes sur scène – Christophe Ives et moi –, et on faisait une chorégraphie pensée pour être vue de l’autre côté de la rive ; on était comme deux microbes sur cette île. Dans le paysage, le rapport d’échelle est effectivement compliqué pour moi ; j’ai la sensation qu’il est tel qu’on ne peut pas vraiment lutter, qu’en tant qu’être humain, on est très vite battu. Avec Amérique, je m’en suis sortie en choisissant une forme qui jouait avec cela. Deux ans plus tard, j’ai fait une pièce qui s’appelait Nos illusions perdues, où j’ai essayé de m’emparer du paysage comme d’un décor ; je fictionnais cet espace pour dire que c’était le décor que j’avais choisi et que j’avais construit. Je me resituais dans ce paysage comme si j’avais volontairement fabriqué ce rapport d’échelle complètement dingue. À chaque fois, ces projets ont été des luttes et des résolutions formelles vis-à-vis de cette question d’échelle. Avec le Mont-Cenis, je me suis dit que plutôt que de lutter contre cette grandeur – ce qui était inimaginable –, il fallait faire avec. L’audioguide me permet une introspection, qui est celle que je vis (que je subis parfois, à laquelle j’accède d’autres fois) face au paysage. Moi seule avec un casque, qui entends des voix, des récits plutôt intimes. Je me suis dit qu’il fallait aller pleinement dans cette introspection : aller chercher une parole intime, qui convoquerait ma propre intimité, ma petitesse et mon humilité en tant qu’être humain, face à la grandeur et à la majestuosité de cet endroit. J’avais la sensation que si j’écoutais ces voix face à ce paysage, peut-être que je pourrais aussi me reconnecter à ma propre voix.
SR – Tu as donc fait le choix, plutôt que d’inscrire une proposition spectaculaire dans le paysage du mont-Cenis, de développer une démarche de création sonore, en composant un audioguide qui fait œuvre en soi, et se distingue par conséquent des audioguides de médiation qui se sont généralisés sur les sites muséaux et touristiques. Ton audioguide s’affranchit aussi de ce modèle parce qu’il ne cherche pas à organiser le déplacement des visiteurs, il ne va pas les guider au sens spatial. Certes, au début de l’audioguide, tu inscris les destinataires de la création dans le paysage du Mont-Cenis, comme pour mieux les introduire dans l’œuvre : « Devant vos yeux, un lac. À votre gauche, un immense barrage. » Mais ensuite, tu ne les orientes plus, tu les laisses libres d’évoluer (ou pas d’ailleurs) à leur guise dans le paysage. J’ai bien entendu ta volonté de créer quelque chose d’intime face à un paysage imposant, mais peux-tu préciser pourquoi tu as souhaité préserver cette liberté de mouvement ?
FdC – Plusieurs choses : d’abord, quand j’entends audioguide, j’entends être guidé par l’audio, mais pas tellement dans ses mouvements. Par ailleurs, pour avoir fait l’expérience de plein d’audioguides, je suis souvent très frustrée par le ton des voix, par la vitesse qu’on me propose : ce n’est jamais le bon timing pour moi, et j’ai pourtant utilisé des audioguides ultra sophistiqués. Maintenant, il y a ces nouveaux systèmes qui situent ton corps dans l’espace, et qui sont plus justes par rapport à l’endroit où tu te trouves, mais, même là, j’ai l’impression que ce n’est jamais dans le bon temps par rapport à ce que j’aimerais. Il était donc très important pour moi de laisser l’auditeur libre de ses mouvements. De toute façon, étant donné le paysage dans lequel j’inscris ce projet, qu’il se déplace ou ne se déplace pas, il verra toujours un lac, un barrage, des montagnes. C’est tellement vaste qu’il ne peut pas faire le tour du lac, et même s’il fait 1 km à droite ou à gauche, il aura toujours cette vision, cette image dans les yeux – quel que soit le point de vue, on conserve globalement ce schéma d’une tâche bleue au milieu, d’un grand mur en pierre et de quelque chose de vert autour. Considérant aussi que l’auditeur va de toute façon construire la dernière image, comme pour chacun de mes spectacles, je n’ai pas besoin de lui imposer plus que cela ; c’est lui qui va décider. Je vais peut-être un peu plus loin ici que dans d’autres créations, parce qu’il y a des pistes, c’est-à-dire que l’auditeur peut décider de commencer à l’envers, d’arrêter en plein milieu, de retourner à un autre endroit…
C’était aussi un enjeu pour moi : me dire qu’après tout, chacun va se faire son propre montage, dans le temps et dans le moment dans lesquels il se situe. Je voulais vraiment que l’auditeur soit libre de fabriquer son propre récit ; qu’il puisse être dans un rapport d’introspection selon ses choix. Ce qui est marrant, c’est que quand j’ai vu les gens faire le test de l’audioguide, je me suis rendu compte qu’ils ne se déplacent pas du tout : ils s’assoient pour faire cette expérience. Je ne sais évidemment pas dans quel ordre et à quel rythme, mais je vois qu’ils ont plus envie de se poser que de se balader. C’est peut-être lié aux histoires qu’on nous raconte, parce qu’elles convoquent des moments historiques, des déplacements. Peut-être que face à ce type de récits, on n’a pas envie de se balader mais de se concentrer sur une image fixe et la bande-son de cette image. Aussi, alors qu’un audioguide fait généralement entendre une seule voix, là on est confronté à différents types de voix. On n’entend presque pas ma voix, sauf dans l’introduction. On entend ensuite des relais de voix, des personnages, ou des possibilités de personnages, différents. Il y a beaucoup d’informations, parce qu’on passe d’une voix d’homme à une voix de femme, d’une voix un peu ancienne à une voix qui a un accent, ou sur laquelle il faut beaucoup se concentrer parce qu’elle a été enregistrée d’un peu plus loin… Je pense que c’est aussi pour cela que les gens se posent pour écouter. Ce n’est pas autoritaire comme peut l’être un audioguide conçu pour guider un mouvement. Il s’agit vraiment d’entendre des récits, des petites histoires qui vont finir, je l’espère, par rencontrer la grande.
SR – Les gens se posent pour mieux circuler dans le paysage mémoriel, entre différentes strates d’histoires orales, que compose l’audioguide.
FdC – Exactement. Il faut aussi dire que, ce paysage, quand on l’entend, ce sont des anecdotes recueillies qui concernent le Mont-Cenis, mais c’est également l’histoire de beaucoup, beaucoup de paysages de montagne. C’est un récit qui peut être partagé. Il y a eu énormément de lacs fabriqués, qui ont été de vrais combats, de vraies luttes politiques pour les gens qui vivaient là. Ces histoires de vie incroyables se sont répétées, parce que EDF a fait des barrages partout. La même histoire s’est passée à Tignes par exemple. Beaucoup de gens m’ont dit que ça avait été pareil dans leur village, qu’on avait détruit un village pour fabriquer un lac et faire un barrage. En ce sens, il s’agit du point de vue spécifique du Mont-Cenis mais c’est l’histoire d’un paysage très commun de la montagne que l’on raconte, et elle touche à l’histoire collective.
SR – Ce qui peut justifier le désir de la faire entendre ailleurs ! En proposant l’audioguide en libre accès sur internet, tu as encore accentué la liberté de l’auditeur, puisque tu rends possible une écoute à distance des témoignages. L’expérience du paysage sonore que tu as composé peut ainsi être dissociée de la contemplation du site qui l’a inspiré. Peux-tu indiquer ce qui a motivé ce choix de diffusion, qui t’éloigne de l’ici et maintenant du théâtre, mais aussi du positionnement in situ qui a accompagné la création du Mont-Cenis ?
FdC – Je revendique dans mon travail de faire une « œuvre » à l’échelle de ma vie : je fais du théâtre pour justement ne pas laisser d’objet, ne pas laisser de trace. Les gens viennent voir une de mes pièces, et ils repartent, au mieux avec un bon souvenir, au pire avec un mauvais. Très tôt, j’ai décidé de ne pas faire d’objet en dur, qui reste, pas de monument. En faisant l’audioguide, je me contredis d’une certaine façon puisque je laisse une trace, en produisant un objet, l’audioguide, et un enregistrement. À partir du moment où j’ai accepté cela, je me suis dit qu’il fallait que l’enregistrement soit entendable devant ce paysage, mais peut-être aussi devant une photo de ce paysage, puisque dans le fond, qu’est-ce que cela change ? Évidemment, ce n’est pas tout à fait la même expérience, j’en ai conscience, quand on est face au paysage, dans un espace spécifique et concret. Mais en même temps, je ne suis pas sûre que le rapport à l’image ne puisse pas convoquer la même chose. À partir du moment où je laissais une trace, j’acceptais aussi qu’elle soit entendue virtuellement, sur mon site, face à une image, à une représentation de ce paysage, considérant que le paysage était de toute façon une construction et que l’on pouvait donc aussi en faire une autre expérience. Ça me semblait d’autant plus possible que ces différentes histoires fabriquent une histoire de la montagne plus large, qui commence d’ailleurs aujourd’hui à être problématique, parce qu’on l’a abîmée. Là, il s’agit de l’histoire du barrage, mais il y a aussi l’histoire des stations de ski. Il faudrait raconter comment on a fabriqué des stations qui bientôt n’auront plus de sens, et comment on détruit des paysages pour les fabriquer. Pour moi, il était intéressant que l’histoire du Mont-Cenis raconte une autre histoire que celle de son site spécifique : une histoire plus globale de la montagne et des gens qui y vivent.
Notes
[1] https://www.fannydechaille.fr/spectacle/audioguide/.
[2] Fanny de Chaillé, La Bibliothèque, création 2010.
[3] Organisée le 22/10/2021 dans le cadre du projet « Écouter le terrain : Pratiques chorégraphiques en partage », porté par Gretchen Schiller et Séverine Ruset (UGA, CNRS, UMR Litt&Arts), la table ronde portait sur deux créations audioguidées en montage : Le Mont-Cenis de Fanny de Chaillé et Le Sappey-à-la-jumelle de Laurent Pichaud. Disponible en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=zY1CXrhgSE8.
Pour citer cet article
Séverine Ruset, « « Faire ressurgir par la parole des gens ce qu’il y avait sous le beau tapis du lac ». Entretien avec Fanny de Chaillé, à propos de l’audioguide Le Mont-Cenis », Revue d’Histoire du Théâtre numéro 296 [en ligne], mis à jour le 01/01/2023, URL : https://sht.asso.fr/faire-ressurgir-par-la-parole-des-gens-ce-quil-y-avait-sous-le-beau-tapis-du-lac-entretien-avec-fanny-de-chaille-a-propos-de-laudioguide-le-mont-cenis/