Société d'Histoire du Théâtre

Revue d’Histoire du Théâtre • N°253 T1 2012

L’ironie grinçante du conte de fées. Avatars de Blanche-Neige chez Robert Walser, Howard Barker et Elfriede Jelinek

Par Charlotte Bomy

Résumé

À la lecture de trois exemples de variations théâtrales autour du conte de fées des frères Grimm, on constate que l’image en apparence pure et innocente de Blanche-Neige inspire des sentiments contradictoires, souvent hantés par la mort. Dans le drame de Robert Walser Blanche-Neige (1901), l’héroïne devient un être complexe, incapable de vivre et d’aimer, fuyant la réalité à travers le rêve. Chez Howard Barker, dans Le Cas Blanche-Neige (2002), le conte est renversé: la jeune fille est désormais jalouse de sa mère qui devient le point central de l’histoire; toutes deux sont obsédées par la jouissance et la dépravation, collectionnant et partageant leurs amants, jusqu’à la condamnation et mise à mort de la Reine. La cruauté du conte est également disséquée par Jelinek dans le premier volet des Drames de princesses (1999) où Blanche-Neige est à la fois morte et vivante, enfermée dans sa propre fable, condamnée au paraître et à la légèreté, et finalement abattue froidement par le Chasseur. Autant de propositions qui détournent le point de vue moralisateur et rassurant du conte, ainsi que les interprétations psychanalytiques héritées de Bettelheim, tout en lançant un défi à la scène contemporaine.

Abstract :

In three dramatic versions composed after the Brothers Grimm’s fairy-tale, one can notice that Snow White’s supposedly pure and innocent look inspires conflicting emotions, often haunted by death. In Robert Walser’s Snow White (1901), the heroine becomes a complex character, unable to live or to love, and escaping reality through her dreams. In Howard Barker’s Le Cas Blanche Neige (Knowledge and a Girl), 2002, the story is inversed: the young girl is here jealous of her mother, and the latter becomes the focal point of the plot. Both characters are obsessed with pleasure and depravity, collecting and sharing their lovers, until the Queen is sentenced to death. The cruelty of the tale is also studied by Jelinek in the first part of her Drames de princesses (Princess Plays), 1999, in which Snow White is both dead and alive, locked in her own story. She is doomed to exist as a mere and fickle appearance, and finally to be cold-bloodedly shot down by the Hunter. These proposals divert the moralistic and reassuring view of the tale as well as the legacy of all psychoanalytic interpretations from Bettelheim onwards, and they also issue a challenge to the contemporary stage.

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