Société d'Histoire du Théâtre

Revue d’Histoire du Théâtre • N°261 T1 2014

Molière, es-tu là ? La nécromancie dramatique, dispositif critique au service d’une nouvelle institution (1777 – 1847)

Par Martial Poirson

Résumé

L’ombre panthéonisée de Molière plane sur le Théâtre Français au sein d’un véritable cycle dramaturgique allant de L’Ombre de Molière (1674) de Brécourt, jusqu’à celle de Barbier en 1847, en passant par Voisenon, Artaud, Le Beau de Schosne, Rutlidge et La Harpe. Cette tendance s’inscrit dans la vogue du théâtre d’allégorie à l’âge classique et participe d’une dramaturgie critique. A travers la nécromancie dramatique, où un personnage historique fait retour sur scène à une époque postérieure à sa mort, dans un épisode biographique tantôt inventé, tantôt avéré, émerge une conscience patrimoniale nouvelle du spectacle vivant au sein du premier champ théâtral. Elle est susceptible de se décomposer en quatre phases : à une forte mobilisation des comédiens-auteurs soucieux de capter l’héritage moliéresque succède une génération de dramaturges soucieux de justifier à travers lui leur propre posture artistique, puis une autre, autour du centenaire de sa mort, animée par un souci commémoratif et patrimonial, qui se transforme finalement en critique en règle de l’institution théâtrale et de sa politique de la représentation, quitte à effriter au passage l’hagiographie officielle du « Père fondateur du Théâtre Français ».

Abstract :

The celebrated legacy of Moliere watched over French theatre for centuries in what can be seen as a whole dramatic cycle, from L’ Ombre de Molière by Brécourt (1674) to Barbier’s work of the same title in 1847, via Voisenon, Artaud, Le Beau de Schosne, Rutlidge and La Harpe. The source of this phenomenon can be found in the fashion for allegory in classical theatre, and belongs to a critical dramaturgy. This is dramatic necromancy: an historical character appearing on stage after his death, acting out an episode that might either be invented by the dramatist, or biographically accurate. This process produces a new patrimonial consciousness of performance within the realm of theatre. This new perception can be divided into four movements: first, a strong and dynamic mobilization by actors and authors, committed to recording Moliere’s legacy, followed by a generation of dramatists who used Moliere’s figure to justify their own artistic position. Then, around the centenary of Moliere’s death, another generation appeared, motivated by a commemorative and patrimonial approach, and finally, this became a critical movement against the theatrical institution and its politics of representation. In this final perspective, the official hagiography of the founding father of French theatre does not remain unstained.

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