Valeurs nationales et valeurs théâtrales. La bataille du Siège de Calais (1765)

Résumé

Dans cet article, nous voudrions souligner la relation ambiguë entre les inquiétudes nationales et les critiques dramatiques en posant la question du rôle du théâtre dans la mise en place d’une culture nationale à la fin de l’Ancien Régime. Nous nous concentrerons sur la spécificité du patriotisme tel qu’il est conçu par Pierre-Laurent De Belloy, auteur du Siège de Calais, « la première Tragédie où l’on ait procuré à la Nation le plaisir de s’intéresser pour elle-même » ainsi que par ses amis et ses adversaires. Nous cherchons également à démontrer que la version du patriotisme présentée par De Belloy – une conception monarchiste et bourgeoise de l’amour de la patrie – problématise les normes à la fois esthétiques et politiques de la fin de l’Ancien Régime. Cet article cherche donc à répondre modestement à une des questions les plus essentielles en ce qui concerne les études de l’histoire culturelle et politique du XVIIIe siècle : qu’est-ce que le patriotisme avant la Révolution française ?

Abstract :

This article underscores the complex relationship between national concerns and dramatic criticism by interrogating the role of theatre in the creation of a ‘national culture’ during the last few decades of the Ancien régime. The author focuses more specifically on the forms of patriotism proposed by Pierre-Laurent De Belloy, author of Le Siège de Calais, France’s “first tragedy in which the nation is given the pleasure to take an interest in itself,” as well as by his adversaries and his allies. The version of patriotism proffered by De Belloy – a ‘fatherland’ that he defines as both bourgeois and monarchical – renders problematic several aesthetic and political norms in place in 1765. The author thus responds modestly to one of the most essential questions posed by research on eighteenth-century political and cultural history: how did patriotism operate before the French Revolution?