Revue d’Histoire du Théâtre • N°292 T1 2022
Des « pitres dansant » au patrimoine national – Le kabuki au tournant de Meiji
Par Patrick De Vos
Résumé
« Déviant » (au sens littéral du terme) et marginal à sa naissance au xviie siècle, le kabuki demeure tout au long de la période d’Edo, sous le shogunat des Tokugawa, un art suspect et déconsidérée par le pouvoir, ce qui n’empêche pas les puissants seigneurs de l’accueillir dans leurs résidences. Foyer de la culture urbaine promue par la dynamique classe des marchands, il se diffusa dans l’ensemble de la société, diversifiant ses pratiques, son public, ses circuits économiques. Son immense popularité ne fut pas le seul fait des grandes salles officielles dont le pouvoir savait contrôler et canaliser au besoin l’énergie à ses fins propres et réguler la concurrence avec des pratiques mineures. La restauration de Meiji ouvrit la voie d’une émancipation du milieu théâtral que certains de ses acteurs les plus éminents, Morita Kan’ya XII et Ichikawa Danjûrô IX, anticipèrent et mirent à profit, sans regret pour le statut de culture méprisée voire résistante à celle de la classe dirigeante de leur art, pour décanter le genre, l’annoblir, l’élever à une reconnaissance générale, urbi et orbi, bref acquérir une nouvelle légitimité comme patrimoine artistique de premier plan d’une nation désormais moderne.
Mots clés : Théâtre japonais, kabuki, Edo, bakufu, Meiji, divertissement populaire, acteur, patrimoine artistique national
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