De l’art de conserver son honnêteté en regardant des comédies malhonnêtes (ca 1660-1670)

Résumé

La résurgence dans les années 1660 d’une comique néo-grivois, où la gaillardise et les obscénités sont bien présentes mais désormais voilées, oblige les spectateurs de comédie, au moment où ils sont confrontés aux plaisanteries malhonnêtes, à s’interroger sur ce qu’il leur est permis de comprendre et de montrer à leurs voisins de théâtre. La question se pose en particulier pour les femmes dont la caractéristique principale, selon la caractérologie de l’époque, est la pudeur : doivent-elles rougir, rester de marbre, pousser un soupir réprobateur, feindre de ne pas avoir entendu ? Rire signifie-t-il forcément pour elles approuver la plaisanterie douteuse et cautionner la grivoiserie ? Autant que la marge de liberté dont dispose le public en matière d’interprétation, il s’agira d’étudier les manifestations corporelles de cette liberté.

The art of keeping one’s modesty while watching immodest comedies (ca 1660-1670)

The resurgence in the 1660s of a new kind of bawdy comedy, in which gaudiness and obscenity are present but now veiled, forces comedy audiences, when confronted with dishonest jokes, to question what they are allowed to understand and show to their theatre neighbours. The question arises in particular for women, whose main characteristic, according to the characterology of the time, is modesty: should they blush, remain unmoved, sigh reprovingly, pretend not to have heard? Does laughing necessarily mean that they approve of the dubious joke and endorse the sauciness? I will study the degree of freedom that the audience has in terms of interpretation, together with the physical manifestations that this freedom entails.