Revue d’Histoire du Théâtre • N°285 T1 2020
Ombres de la rampe. Les souffleurs de théâtre du XVIIe siècle à aujourd’hui
Par Martial Poirson
Résumé
Relégué à une fonction subalterne, censé tenir la brochure en coulisse ou dans les dessous du plateau, le souffleur de théâtre n’a pas retenu l’attention de l’historiographie théâtrale, qui se contente de colporter et d’amplifier les anecdotes dégradantes solidement attachées à cet emploi. Archives, mémoires et documents techniques révèlent pourtant une toute autre réalité : celle d’une profession à part entière, qui se développe autour d’une culture de métier revendiquée et de compétences culturelles reconnues dès la seconde moitié du XVIIe siècle. Aux siècles suivants, elle se structure en diversifiant les prérogatives de la fonction, au gré des revendications catégorielles et des transformations de la scène. Anecdotes dramatiques et fictions littéraires témoignent de la cristallisation, sur la figure du souffleur, d’un imaginaire collectif et d’un inconscient culturel susceptibles de porter un nouvel éclairage sur la division du travail au sein du champ théâtral. Situé à mi-chemin entre auteur dramatique, artiste-interprète et spectateur, le souffleur prend en outre une part active, non seulement aux activités de régie, mais encore aux dispositifs de mise en scène, tout en occupant une position intéressante dans la notification des altérations du texte à l’épreuve du plateau. Il entretient par conséquent une relation privilégiée avec les personnels artistiques, tout en jouant, via les manuscrits de souffleur puis les carnets de régie, un rôle essentiel dans la conscience patrimoniale et la mémoire vivante des spectacles.
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