Foyer du Théâtre Montansier, dessin de Louis Binet, Louis (1744-1800). Source : BnF Gallica

Revue d’Historiographie du Théâtre • N°8 T3 2023

Parution annuelle
300 pages
14 euros, version numérique
ISSN : ISSN : 2270-5554

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Revue d’Historiographie du Théâtre • N°8 T3 2023

Déjouer le canon en rejouant Charles IX de Marie-Joseph Chénier ?

Par Tiphaine Karsenti, Charlotte Bouteille-Meister

Résumé

L’enjeu de cette contribution est d’interroger ce que la mise en scène de textes anciens non joués ou peu joués peut faire à l’histoire du théâtre et à la construction du canon, à partir d’une expérience de recherche-création autour du Charles IX de Marie-Joseph Chénier (1787). La fortune critique de cette tragédie, depuis sa création, est en effet emblématique de la concurrence entre différentes constructions canoniques, selon que l’on considère les pièces sous l’angle de leur intérêt historique, de leur valeur littéraire ou de leurs qualités théâtrales : si Charles IX appartient à une forme de canon de l’histoire théâtrale, c’est en tant qu’événement inscrit dans le contexte de la Révolution Française, mais pas en tant qu’objet esthétique, distingué pour ses qualités littéraires ou artistiques. Du point de vue du répertoire théâtral, la pièce de Chénier se trouve même aujourd’hui aux marges extrêmes du canon. Confronter ce texte au plateau supposait pourtant de prendre en compte à la fois son statut historique et sa destination théâtrale. En abordant Charles IX depuis l’étude des archives de sa réception, nous avons tout d’abord considéré l’événement politique que la pièce a été, en cherchant à réactiver au présent une part de la réception historique du spectacle. Mais la nécessité de mettre en scène le texte de Chénier nous a également conduit.e.s sur d’autres chemins, par lesquels nous avons tenté de déjouer en partie l’héritage canonique, ses présupposés et les critères de valeur sur lesquels il repose. En interrogeant le fonctionnement dramaturgique de la pièce et ses enjeux esthétiques, nous avons cherché à révéler des dimensions du texte invisibilisées par l’histoire et à en expérimenter l’efficacité scénique sur le spectateur contemporain. La remise en jeu de textes théâtraux minorés par l’histoire littéraire pourrait ainsi contribuer à un déplacement du canon ou à sa reconfiguration, en donnant à la théâtralité sa place dans la construction de la valeur des œuvres.

This contribution will query what the staging of unperformed or rarely performed texts of the early modern period contributes to the history of theater and to the construction of the canon, by employing research-creation methodology to Marie-Joseph Chénier’s Charles IX (1787). The response of critics to this tragedy, since its creation, is indeed emblematic of the differences between competing concepts of canon building, depending on whether one considers the plays from a theatre-historical point of view, for their literary value or their theatrical qualities: if Charles IX  is considered part of the canon under the aspect of history of theater, the play is perceived as an event in the context of the French Revolution, but not as an aesthetic object, distinguished for its literary or artistic qualities. In the theatrical repertoire, nevertheless, Chénier’s play even today stands at the extreme margins of the canon. Encountering this text on stage, however, forces us to take into account both its historical status and its theatrical dimension. When approaching Charles IX from a reception point of view, we have first of all examined the political event the staging of the play constituted, by seeking to reactivate in the present a part of the historical reception of the show. In addition, the need to stage Chénier’s text also led us down other paths, through which we tried to circumvent the canonical heritage, its presuppositions and the values on which it is based. By questioning the dramaturgical functioning of the play and its aesthetics, we have sought to reveal dimensions of the text that are invisible to history and to evaluate what impression it makes on the contemporary spectator. The re-staging of theatrical texts that have been downplayed by literary history could thus contribute to a re-calibration of the canon or to its reconfiguration, by appreciating the theatricality of these works.

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