Détourné des fleuves, rivières, lacs ou canaux, l’élément liquide devient au XIXe siècle l’objet d’un défi technique et économique, mais aussi artistique. Mettre de l’eau sur scène pour incarner l’océan et ses mystères a toujours été une gageure, l’eau étant (et demeurant) l’élément naturel le plus difficile à conjuguer avec les machines scéniques. La prouesse de cette conquête, qui noue étroitement « nature » et « modernité », participe de son succès.
Les brevets de rideau hydraulique, maréorama ou hydrorama permettent de comprendre comment, dès les années 1830, des entrepreneurs du spectacle et des ingénieurs s’allient dans le pari de transporter la mer, ses tempêtes, ses ressacs et ses vagues déferlantes sur la scène théâtrale. Les théâtres aquatiques sont à ce titre des lieux d’applications nouvelles de la science aux domaines artistiques, de tentatives de transformer un théâtre en piscine pour y donner de merveilleux et scintillants spectacles. Inspirés des aquariums, mais dégagés de la mise à distance qu’impose la cage de verre, ils portent tout un imaginaire aussi exotique qu’érotique et invitent à s’interroger sur les caractéristiques de cette « nature » construite.
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