Cirque et avant-gardes. Des « pièces circassiennes » pour réécrire les canons théâtraux

Résumé

Les avant-gardes artistiques ont fait preuve d’un intérêt constant pour le cirque. Cet attrait s’est manifesté par l’apparition puis l’essor d’une scène théâtrale s’inspirant des numéros circassiens, en totale rupture avec les normes académiques. La compénétration entre le cirque et l’univers théâtral a ainsi donné lieu à des œuvres expérimentales, mélangeant les suggestions et les disciplines. Le « chapiteau » se présente en effet pour les animateurs des « ismes » comme un vaste réservoir d’images et de stimuli langagiers (ou formels) où puiser. Celui-ci leur permet de rendre leur projet de révolution artistique plus spectaculaire. Le but de cet article est de réfléchir aux enjeux de ces productions scéniques hybrides ainsi qu’à l’existence de véritables « pièces circassiennes », issues du mariage fécond entre théâtre et cirque. Car ces créations ont contribué à réécrire les canons théâtraux, en fusionnant un art dit « cultivé » avec un genre à l’origine populaire.

The artistic avant-gardes have shown a particular interest in the circus and they influenced the creation of a theatrical scene able to break with tradition and academic norms. The hybridization between circus and theater gives rise to experimentations aimed at multidisciplinary and to a model of performance mixing artistic suggestions and various disciplines. The chapiteau is for the “isms” a physical and ideal “box” of images and linguistic or formal stimuli from which to draw in order to reinforce and carry to excess the spectacular aspect of their renovation project. The aim of this article is to reflect on the challenges at the base of hybrid productions and on the presence of “pieces circassiennes”, coming from the brazing of suggestions and the fruitful encounter between the theater and the circus. These plays contribute to create new theatrical canons, putting in relation a cultivated art with a genre conceived as popular.