Revue d’Histoire du Théâtre • N°296 T1 2023
Dans l’atelier du Déluge
Par Barbara Babić
Résumé
Cette publication présente une édition intégrale des documents autour de Japhet et Sélima, ou Le Déluge, pantomime en trois actes et « à grand spectacle », conçue par Jean-Baptiste-Augustin Hapdé en 1810 pour la Salle des Jeux-Gymniques à Paris.
Texte
Ce dossier en ligne, en complément de l’article paru dans La Fabrique du paysage présente une édition intégrale des documents autour de Japhet et Sélima, ou Le Déluge, pantomime en trois actes et « à grand spectacle », conçue par Jean-Baptiste-Augustin Hapdé en 1810 pour la Salle des Jeux-Gymniques à Paris. Il s’agit d’un ouvrage qui, malgré le fait de n’avoir jamais été représenté au théâtre, se situe au cœur des débats, tendances esthétiques et savoirs techniques du milieu théâtral de son époque. On peut situer Japhet et Sélima, ou Le Déluge dans la mode des pièces bibliques qui, au boulevard comme à l’Opéra, offraient aux auteurs l’opportunité de combiner des histoires connues du public avec le merveilleux des manifestations surnaturelles à travers des effets scéniques spectaculaires. Ce sujet en particulier, qui met au centre la catastrophe naturelle et humaine provoquée par l’inondation, permettait à Hapdé de s’engager dans une étude approfondie afin de rendre sur scène l’effet de la montée de l’eau tout en réglant les questions liées à l’équilibre entre les acteurs et les éléments du décor. Or, ce n’est pas un paysage quelconque qui inspire Hapdé pour le point culminant de l’intrigue, mais le célèbre tableau de Nicolas Poussin, L’Hiver, ou le Déluge (1660-64) ; cette idée du “tableau mis en action” sera une constante des versions successives du spectacle, car Hapdé décline par la suite son projet de pantomime sous la forme d’un mélodrame pour les scènes de Versailles (Théâtre de Versailles, 1821) et Paris (Cirque-Olympique, 1830). Au fil des années, ce procédé du déluge deviendra une véritable marque de fabrique pour Hapdé, ainsi que l’objet d’une revendication de propriété dramatique à défendre quand il considéra que son concept a été imité par d’autres. C’est le cas d’une querelle contre Pixerécourt qui anime la presse en 1819, ou encore d’un échange avec l’administration de l’Opéra autour des représentations du Moïse et Pharaon (1827) et du Guillaume Tell (1829) de Gioachino Rossini.
Pour citer cet article
Barbara Babić, « Dans l’atelier du Déluge », Revue d’Histoire du Théâtre numéro 296 [en ligne], mis à jour le 01/01/2023, URL : https://sht.asso.fr/dans-latelier-du-deluge/