Dans les archives de la Société d’Histoire du Théâtre se trouvent un petit fonds, composé de cinq boîtes versées par un certain Claude Bourrin, proche de Louis Jouvet, de Léon Chancerel et de Jacques Copeau, son « maître ».
Le fonds prend peu de place dans le magasin de Société d’Histoire du Théâtre, deux ou trois mètres linaire tout au plus, mais il dévoile un pan peu connu de l’histoire du théâtre en situation coloniale.
Claude Bourrin a été près de cinquante ans durant, entre 1890 et 1948, responsable des théâtres coloniaux en Indochine. Il dirige entre 1920 et 1945 les trois théâtres municipaux d’Hanoï, Haïphong et Saïgon.
Il documente scrupuleusement son travail théâtral en colonie dans ses archives, qui servent de support documentaire à ses trois livres, Choses et gens d’Indochine, en deux tomes publiées entre 1893 et 1908 et Le Vieux Tonkin, publié en 1941.
La vie théâtrale – son répertoire, ses conditions économiques, son entrelacement avec les dynamiques sociales à l’œuvre dans la colonie, sa composante mondaine et son étonnant foisonnement – occupe une place centrale dans les traces qu’il a laissé de sa vie en Indochine.
Claude Bourrin avait des rêves de colonie et des rêves de théâtre. Il a associé les deux dans un projet de « rénovation du théâtre » en Indochine qui emprunte largement au programme Vieux-Colombier de Jacques Copeau, d’où il vient et qui ne cessera de l’inspirer. Ne parle-t-il pas d’ailleurs du Vieux-Colombier comme d’une « compagne bien-aimée » ? (Lettre de Claude Bourrin à Jacques Copeau, mai 1925, correspondance Bourrin-Copeau, fonds Claude Bourrin, Société d’Histoire du Théâtre).
Les archives qui sont présentées ici donnent à voir – à travers les programmes des spectacles et soirées auxquels Claude Bourrin a participé comme acteur puis comme directeur et metteur en scène du Théâtre Municipal de Hanoi – une histoire du théâtre colonial en Indochine : importance des soirées de bienfaisance, souvent au profit de la Croix-Rouge française, surveillance des services du Gouvernement général d’Indochine, entres autres grâce au service photographique, répertoire mêlant œuvres de divertissement, ballets, musique, comédies et pièces de facture plus classiques, comme Claude Bourrin le rêvait, soit un théâtre de grandes œuvres à destination des coloniaux et des élites colonisés.
Cette iconographie parle aussi de l’exotisme qui enveloppe les expériences théâtrales françaises dans la colonie : elle dit la fascination pour l’Extrême-Orient et la tentative de croiser les esthétiques asiatiques et occidentales. Les images présentées témoignent d’une part souvent méconnue du projet colonial : captation des héritages et imposition de modèles culturels, exportation de projets issus du théâtre populaire français, aménagement de la vie sociale et mondaine.
Florilège de programmes de soirées théâtrales et musicales données dans les théâtres municipaux d’Hanoi, Haiphong et Hong Hoa, administré par Claude Bourrin.
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