La farce corrigée ? Bienséances et innovation dans la « petite comédie »

Résumé

Après l’âge d’or de la farce française moderne dans les premières décennies du xviie siècle, la contrainte des bienséances conduit à la progressive disparition du genre, remplacé par une « petite comédie » plus proche de l’esthétique de la comédie en cinq actes et purgée des obscénités coutumières de la farce. Cette substitution s’opère cependant sur le temps long et ne s’achève pas avant les dernières décennies du siècle. Cet article s’intéresse en particulier au tournant des années 1650 et 1660, où l’on constate la prolifération de petites pièces en un acte, encore marquées par le comique et les thématiques farcesques mais soucieuses de ménager par des effets d’atténuation la sensibilité des spectateurs et des lecteurs. Certaines d’entre elles jouent de façon plaisante avec ces contraintes nouvelles, ou vont même jusqu’à les mettre en scène.

Reforming Farce? Bienséances and Innovation in One-Act Comedies

After the golden age of modern French farce in the first decades of the seventeenth century, the constraints of bienséances resulted in its progressive disappearance and replacement by a new genre of similar format, the “little comedy”. This new genre was purged of the common obscenities of farce, and was closer to the aesthetics of the five-act comedy. However, this substitution took place over a long period of time and was not achieved before the last decades of the century. This article mainly focuses on a turning point, in the late 1650s and early 1660s, when one-act comedies suddenly started multiplying. They were still marked by the themes and effects of farce, but they endeavoured to spare sensitivities by toning them down. Some of these comedies played jokingly with the new constraints of bienséances, or even went so far as staging them.