Revue d’Histoire du Théâtre • N°265 T1 2015
Le ballet burlesque français, ou les paradoxes du « monde à l’envers ». Étude sur les virtualités et enjeux allégoriques du Ballet des Fées des Forêts de Saint-Germain (1625)
Par Vincent Dorothée
Résumé
Dansé par le roi en février 1625, le Ballet des Fées des Forêts de Saint-Germain est caractéristique de la veine « burlesque » qui a dominé le ballet de cour français pendant au moins deux décennies du règne de Louis XIII. Sous l’égide du duc de Nemours, alors principal ordonnateur des festivités royales, toute une équipe d’artistes et artisans, dont le peintre Daniel Rabel, a participé à l’élaboration visuelle de ce spectacle chorégraphique à la fois merveilleux et grotesque, l’un des plus précisément documentés du règne sur les plans iconographique et archivistique. Malgré la richesse de cette documentation, les ouvrages de référence sur le ballet à entrées ou ballet mascarade, et notamment celui-ci, ne parviennent pas à rompre pleinement avec le préjugé tenace selon lequel la seule fantaisie déterminerait l’invention de ce type de spectacle. L’examen de ces sources laisse pourtant deviner les virtualités allégoriques, assez complexes, d’un spectacle dont la valeur scénographique et iconologique repose presque exclusivement sur les costumes. Ce sont eux qui véhiculent l’essentiel du sens et alimentent la dimension allégorique de ce ballet qui, loin de constituer une pure fantaisie gratuite, peut être interprété comme toute allégorie à différents niveaux. Considérées ensemble, ces « strates sémantiques » donnent l’image d’une vaste allégorie inversée de l’harmonie du monde, au sein de laquelle se dissimule un propos éminemment politique, qui transparaît à travers les rapports ambigus du visuel et du verbal.
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