Revue d’Historiographie du Théâtre • N°6 T1 2021
Le théâtre québécois et ses langues en trois temps
Par Nicole Nolette
Résumé
Cette étude revient sur l’histoire du théâtre québécois à partir de la question obsessive de la langue, et en particulier celle des artistes issus de l’extérieur des frontières du Québec. Trois grands moments sont évoqués, en partant du joual des Belles-sœurs de Michel Tremblay en 1968 et de ses effets sur le(s) théâtre(s) et la (ou les) dramaturgie(s) de l’ancien Canada français. Le deuxième temps de cette histoire est 1980, date à partir de laquelle les effets du joual se dispersent dans une diversité de langages poétiques et corporels. De manière concomitante, et sur le modèle du joual, Marco Micone et Robert Lepage inventent des nouvelles langues de contact pour la scène québécoise. Enfin dans un troisième temps, la revue de théâtre Jeu lance en 2012 un appel généralisé au plurilinguisme. La même année, les comédiens Mani Soleymanlou et Christian Essiambre présentent à Montréal et à Québec des spectacles solos qui interrogent avec succès leur non-appartenance au milieu du théâtre québécois et la question toujours pertinente de la langue. Ces productions permettent aux artistes de se positionner en marge géographique et nationale de l’institution théâtrale québécoise tout en comblant des attentes voulant qu’ils recréent par la langue un moment précédent de leur histoire.
Abstract
This study explores the history of Quebec theatre through the obsessive question of language, and in particular that of Canadian artists from outside the borders of Quebec. Three important moments are evoked, starting from the joual of Les Belles-sœurs by Michel Tremblay in 1968 and its effects on the theatre and drama of what was previously called French Canada. The second part of this story is set in 1980, the date from which the effects of joual are dispersed in a variety of poetic and bodily languages. At the same time, and on the model of joual, Marco Micone and Robert Lepage invent new contact languages for the Quebec stage. Thirdly, in 2012, the theatre magazine Jeu launched a general appeal for multilingualism. The same year, the actors Mani Soleymanlou and Christian Essiambre presented solo shows in Montreal and Quebec which successfully questioned their non-membership in Quebec theatre and the continuously relevant question of language. These productions allow the artists to position themselves on the geographic and national margins of Quebec’s theatrical institution while fulfilling expectations that they will recreate through language a previous moment in its history.
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