Société d'Histoire du Théâtre

Dictionnaire des metteuses en scène

Nelly Roussel

Née le 05/01/1878, Paris (France)

Décédée le 18/12/1922, Rueil-Malmaison (France)

Métiers: Comédienne, Journaliste, Maîtresse de conférence, Metteuse en scène

Pays d'exercice: France

Notice rédigée par Léonor Delaunay

Notice


Nelly Roussel est née à Paris le 5 janvier 1878 dans une famille bourgeoise catholique. Elle commence dès l’adolescence à écrire des poèmes, des discours sur l’amour, le mariage, l’égalité entre hommes et femmes. Elle épouse en 1898 le sculpteur libre penseur et socialiste Henri Godet.

Proche des anarchistes et des féministes, Nelly Roussel défend également les doctrines néo-malthusiennes : elle milite pour le libre choix dans la maternité et le contrôle des naissances. Elle entre à la Ligue des droits de l’homme et intègre la Grande Loge symbolique écossaise, ouverte aux idées socialistes et féministes. Elle collabore dès le début du XXe siècle à de nombreux journaux, dont La Fronde, une revue féministe fondée en 1897 par Marguerite Durand et composée uniquement de femmes.      

Nelly Roussel investit toutes les formes possibles de diffusion et d’amplification de ses combats, maniant la plume et la parole dans un même geste militant. Elle monte à la tribune comme on monte sur scène, et devient rapidement une conférencière reconnue, qui mêle prises de parole et spectacles politiques lors de soirées organisées dans les universités ouvrières et populaires, les fêtes syndicales, les soirées de défense des droits des femmes.

Sa pièce de théâtre la plus connue, Par la révolte, est une célébration de la femme émancipée. La tonalité est vive, triomphante, déclamatoire. Le penseur anarchiste Sébastien Faure annonce dans sa préface à la pièce qu’il s’agit d’« une sorte d’oratorio qui commence par le lamento d’Ève, repoussée par l’Église comme par la République. [Puis] le tempo change, le rythme s’accélère, on entend des bribes d’Internationale, la Révolte drapée de rouge réveille l’énergie d’Ève ». Il enjoint « les syndicats, les coopératives, les universités populaires, les cercles d’études sociales et les groupements qui travaillent au grand œuvre de Libération intégrale » à faire connaître « ce petit bijou d’une pensée robuste, enchâssé dans le chaton d’une forme pure et brillante ».

Par la révolte ! est introduite par une longue didascalie qui témoigne probablement de la mise en scène qui en était faite – le texte ayant été publié après les représentations. Costumes, décors, placement et postures sont détaillés dans un geste assumé d’accompagnement et de recommandation pour le passage à la scène. Le reste de la pièce est parsemé d’indications scéniques, de jeu et de déplacement, aussi précises. Elles permettent de suivre geste après geste la transformation qui s’opère sur scène, d’une Ève éplorée à une Ève puissante et combative.

Par la révolte aurait été présentée pour la première fois le 30 octobre 1902, lors d’une soirée organisée à L’Égalité, l’université populaire des IXe et Xe arrondissement. À compter de cette date, des représentations de Par la révolte ont été données régulièrement, lors de soirées des universités populaires, à l’occasion de la Fête du Travail, dans la salle des Sociétés Savantes, sous les auspices de la Ligue française pour le droit des femmes, Par la révolte est intégralement publiée le 6 mai 1903 dans La Fronde, en première page, afin que le texte soit diffusé largement et à un prix modeste.

Nelly Roussel publie une autre comédie féministe en un acte, Pourquoi elles vont à l’église ?, dont on ne sait pas si elle a été représentée ou pas. La pièce est auto-éditée en 1910. 

La théâtralité de Nelly Roussel ne se restreint donc pas à sa production dramaturgique, qui demeure modeste, elle brouille au contraire les frontières entre geste artistique et geste politique.

Mises en scène


  • Par la révolte, Nelly Roussel, créée le 30 octobre 1902 à l’Université populaire L’Égalité, Paris (France).

Références bibliographiques


  • Au temps de l’anarchie, un théâtre de combat (1880–1914), textes choisis, établis et présentés par Jonny Ebstein, Philippe Ivernel, Monique Surel-Tupin et Sylvie Thomas, préface d’Alain Badiou, Paris, Éditions Séguier Archimbaud, 2001, 3 tomes. 
  • Cecilia Beach, French Women Playwrights of the Twentieth Century: A Checklist. Westport (CT), Greenwood Press, coll. «Bibliographies and Indexes in Women’s Studies», Number 24, 1996 ; Cecilia Beach, Staging politic and gender: french women’s drama, 1880–1923. New-York: Palgrave Macmillan, 2005.
  • Julie Rossello-Rochet, thèse de doctorat « Des autrices dramatiques parisiennes dans l’espace public du XIXe siècle (1789–1914) », sous la direction de Bérénice Hamidi-Kim, Université Louis Lumière-Lyon 2 , 2020.
  • Léonor Delaunay, « Femmes à la tribune. Pratiques, textes et conférences théâtrales féministes des années 1900 », in Pour une histoire des metteuses en scène, Revue d’Histoire du Théâtre n°299, 2024-2, p. 102-121.
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