Dictionnaire des metteuses en scène
Pauline BayleMétiers: Adaptatrice, Autrice, Comédienne, Directrice de théâtre, Metteuse en scène, Scénographe
Pays d'exercice: France
Organisations ou collectifs liés: Compagnie À tire d'aile, Théâtre Public de Montreuil
Personnalités liées: Alain Françon, Jean-Pierre Vernant, Pina Bausch, Wajdi Mouawad
Notice rédigée par Anne-Lise Chatard
Formée à l’Institut d’études politiques de Paris puis à l’Ecole supérieure d’art dramatique de Paris (ESAD) et à l’École du jeu (Delphine Eliet), elle intègre le Conservatoire national supérieur d’art dramatique (promotion 2013) où elle écrit et met en scène son premier spectacle, À tire d’aile, en 2011. Ce spectacle donne son nom à la compagnie qu’elle fonde la même année. Le 1er janvier 2022, elle prend la direction du Nouveau Théâtre de Montreuil qui devient le TPM (Théâtre Public de Montreuil), centre dramatique national.
Pauline Bayle résume elle-même sa manière de faire de la mise en scène comme une « quête d’un théâtre littéraire, brut, incandescent ». En effet, son travail s’appuie en général sur une œuvre romanesque ou épique préexistante, n’ayant a priori pas vocation à être portée sur scène. S’en suit un long travail d’adaptation (24 versions pour Illusions perdues) au travers duquel elle développe sa propre vision du texte et s’accorde une grande liberté en termes de création.
L’adaptation du diptyque Illiade (en 2015) et Odyssée (en 2017), d’après les deux épopées d’Homère, est considérée comme le geste fondateur de sa pratique théâtrale : une scénographie minimale, des vêtements d’aujourd’hui, des acteurs jouant plusieurs rôles et un rythme effréné. Ainsi, le choix de faire incarner Ulysse par cinq acteurs a précisément pour but de souligner la polymorphie du personnage et permettre au spectateur de s’identifier à lui : comme l’exprime Pauline Bayle, « on a tous un peu d’Ulysse en nous » .
Dans l’adaptation des Illusions perdues d’Honoré de Balzac, elle fait le choix de faire interpréter le personnage central, Lucien de Rubempré, par une femme, tandis que les seize autres personnages du roman sont joués par quatre interprètes seulement. Pour cette pièce, elle signe un dispositif scénographique très dépouillé mettant en avant différentes formes de narration et d’expression (voix off, discours devant un micro, danse etc.) Les acteurs évoluent comme sur un ring, changeant de rôle à la faveur d’un changement d’accessoire, sur un plateau nu cerné par un dispositif quadri-frontal où une partie des spectateurs se retrouve sur scène. De cette manière, le public partage la vie tumultueuse de Lucien, proximité renforcée par la présence permanente des acteurs qui restent assis autour du plateau, effectuant leur changement à vue. Pour obtenir ce résultat, le travail préparatoire avec ces derniers est un long processus qui a donné lieu à trois mois de répétitions afin que chacun puisse s’approprier la mécanique et la « gymnastique » du spectacle.
Depuis sa prise de fonction à la direction du Théâtre Public de Montreuil, elle se tourne vers une autre grande figure littéraire : celle de Virginia Woolf. Dans Écrire sa vie, elle traite du rapport de celle-ci à l’amitié et à l’enfance, cette fois en composant à partir de différents textes (son journal, ses nouvelles et le roman Les Vagues).
Le projet de Pauline Bayle est de défendre une « création aussi exigeante qu’accessible, qui ne nécessite aucun savoir prérequis de la part du public » (Portrait de la directrice sur le site du TPM). Selon elle « on ne naît pas spectateur, on le devient » : son ambition est aussi d’aller au devant d’un nouveau public qui ne va pas au théâtre et de tirer un trait d’union entre les êtres.
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