Dictionnaire des metteuses en scène
Sarah BernhardtNée le 22/10/1844, Paris (France)
Décédée le 26/03/1923, Paris (France)
Métiers: Autrice, Comédienne, Directrice de théâtre, Metteuse en scène
Pays d'exercice: France
Organisations ou collectifs liés: Comédie Française Paris, Théâtre de l'Ambigu Paris, Théâtre de la Porte Saint-Martin Paris, Théâtre de la Renaissance Paris, Théâtre Sarah-Bernhardt Paris
Personnalités liées: Edmond Rostand, Victorien Sardou
Notice rédigée par Joël Huthwohl
Sarah Bernhardt est avant tout connue comme une actrice, une star dont la renommée a été immense de son vivant et demeure sans égale jusqu’à aujourd’hui. Après sa formation au Conservatoire de musique et de déclamation, elle commence un carrière de comédienne dans divers théâtres parisiens, puis à l’Odéon et à la Comédie-Française, où elle entre comme pensionnaire en 1872. Elle démissionne en 1880 et poursuit une carrière indépendante à Paris, dont elle dirige successivement quatre théâtres, et en tournée dans le monde entier.
C’est au moment de son émancipation de la Comédie-Française qu’elle se trouve dans la nécessité, mais aussi avec le vif désir, de faire elle-même la mise en scène de ses spectacles. Elle a pu observer durant ses années dans la Maison de Molière, alors dirigée par Émile Perrin, le faste des spectacles, la précision historique recherchée dans la scénographie et les costumes ainsi que le jeu et la diction des acteurs. Son ambition et son tempérament entreprenant lui permettent de prendre à son tour la direction des répétitions quand, lors de sa première tournée aux États-Unis, elle veut monter La Princesse Georges d’Alexandre Dumas fils. En 1882, elle prend le bail du Théâtre de l’Ambigu dont son fils Maurice est le directeur en titre, mais dont elle est la véritable patronne. Dès que la création de Fédora de Victorien Sardou au Théâtre du Vaudeville lui en laisse le temps, elle se consacre à sa propre programmation et à la mise en scène des pièces à l’affiche de son théâtre, spectacles dont elle ne fait pas partie en tant qu’actrice, comme Les Mères ennemies de Catulle Mendès ou La Glu de Jean Richepin. La fonction est moins facile à assumer quand elle est en personne dans la distribution, de surcroît dans le rôle principal. Dans ce cas, elle se repose sur le directeur artistique de son théâtre et sur l’auteur, mais elle ne se met pas en retrait pour autant et donne son avis sur l’ensemble des paramètres du spectacle. Ce travail en commun serait aujourd’hui qualifié de “création collective”, d’autant plus que la notion d’auctorialité en termes de mise en scène n’est alors qu’émergente.
Sarah Bernhardt, au-delà de son estime personnelle pour André Antoine, ne s’est guère intéressée aux avant-gardes de son époque, qu’elles soient naturalistes ou symbolistes. Elle s’inscrit dans la tradition de la mise en scène réaliste, historique et généralement à grand spectacle pratiquée dans les principaux théâtres d’alors, privés ou subventionnés. Elle reconnaît Victorien Sardou, dont elle a été une des actrices-fétiches, comme son maître en matière de mise en scène. Comme lui, elle s’intéresse beaucoup à l’exactitude temporelle et géographique des décors et costumes et mène des recherches préalables. Ainsi se rend-elle à Vienne avec Edmond Rostand pour préparer L’Aiglon, sa grande création de l’année 1900. Comme Sardou, elle se déplace dans la salle pour voir et écouter de tous les points de vue. Elle est omniprésente et très directive. Elle discute le texte avec l’auteur, s’intéresse à la technique – fait supprimer la boîte du souffleur qui rompt la lumière de la rampe -, consacre beaucoup d’énergie aux costumes – qu’elle n’hésite pas à teindre elle-même, comme dans La Princesse lointaine – et, naturellement, elle se passionne pour le jeu de l’acteur, faisant maintes fois reprendre les répliques de ses partenaires pour obtenir le résultat escompté. Elle est la première femme que la critique a qualifiée de “metteuse en scène” et elle a longtemps été la seule. À son époque le metteur en scène n’apparaissant pas au générique, il est difficile d’établir une liste définitive des mises en scène dont elle pourrait être considérée comme l’autrice au sens contemporain. À l’inverse, il n’y a aucun risque à affirmer que pour tous les spectacles dans lesquels elle a joué à partir de 1882, elle a eu une part active à la mise en scène.
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