Dictionnaire des metteuses en scène
Alice CocéaNée le 28/07/1899, Sinaia (Roumanie)
Décédée le 02/07/1970, Boulogne-Billancourt (France)
Métiers: Comédienne, Décoratrice, Directrice de théâtre, Metteuse en scène
Pays d'exercice: France
Organisations ou collectifs liés: Comédie des Champs-Élysées Paris, Théâtre des Ambassadeurs Paris, Théâtre des Arts Paris
Personnalités liées: Armand Salacrou, Gilberte Refoulé, Harry Baur, Henri-René Lenormand, Henry Bernstein, J.-R. Buisson, Jean Cocteau, Jean Giono, Jean-Louis Barrault, Robert Brasillac, Roger Capgras
Notice rédigée par Anne-Lise Depoil
Issue de la grande bourgeoisie roumaine, Alice Cocéa s’installe à Paris avant la Première Guerre mondiale et y suit les cours de comédie du Conservatoire. Grâce au succès de l’un de ses premiers rôles, celui d’Aspasie dans l’opérette Phi-Phi de Willemetz (1918), elle devient dès le début de sa carrière une vedette de l’opérette puis du théâtre de boulevard.
Dès la fin des années 1920, elle intervient dans la mise en scène des pièces dont elle joue les rôles féminins principaux mais ce n’est qu’en 1935 qu’elle signe officiellement sa première mise en scène, celle d’Une jeune fille a rêvé de Loïc Le Gouriadec, jouée à la Comédie des Champs-Elysées. S’associant avec l’entrepreneur Roger Capgras, elle prend avec lui la direction de la Comédie des Champs-Elysées pour la saison 1936-1937, au cours de laquelle elle présente trois mises en scène qui sont des échecs critiques et financiers. Le couple obtient à l’automne 1937 la direction artistique du Théâtre des Ambassadeurs nouvellement rénové et Cocéa y connaît un important succès public en montant Lenormand, Duvernois, Molière et Cocteau. La pièce de ce dernier, Les Parents terribles, fait cependant scandale quand Capgras en propose des représentations gratuites au public scolaire. Jugeant qu’elle porte atteinte aux valeurs familiales, le conseil municipal de Paris, dont dépend le bail du théâtre, interdit les représentations en décembre 1938 et attribue la nouvelle concession à Henry Bernstein.
L’Occupation ayant contraint Bernstein à l’exil, Alice Cocéa retrouve la direction des Ambassadeurs à l’automne 1940, d’abord avec Capgras, puis seule à partir de février 1941. Pendant les trois années que dure sa direction, elle présente sept mises en scène, qui sont toutes des succès publics et financiers en dépit des difficultés de plus en plus importantes de la guerre et de l’Occupation. Entourée d’une équipe majoritairement féminine, Cocéa affirme dans une interview au Petit Parisien en 1943 son autorité de directrice qui met en scène : « Non seulement je choisis moi-même mes interprètes, les tapisseries, les meubles qui servent à la mise en scène, mais pas un clou n’est posé dans mon théâtre sans que j’aie donné mon avis ». Elle y revendique en outre des « méthodes nouvelles dans les relations avec les interprètes », éloignées des comportements de « maquignons » de ses collègues masculins.
Coûteuses en raison du luxe de leurs décors et costumes, les pièces qu’Alice Cocéa monte aux Ambassadeurs durant ses deux périodes de direction lui rapportent néanmoins des recettes élevées grâce à leur important succès public. Venue à la mise en scène dans la continuité de son travail d’actrice, Cocéa, longtemps cantonnée à l’opérette au début de sa carrière, profite de sa position de metteuse en scène pour s’attribuer des rôles artistiquement plus ambitieux et jouer les personnages féminins principaux de toutes les pièces qu’elle dirige.
Arrêtée en septembre 1944 pour collaboration, elle est libérée au printemps suivant mais, sous le coup d’une interdiction professionnelle, elle ne reprend sa double carrière de comédienne et metteuse en scène qu’en 1947. Elle met alors essentiellement en scène aux Mathurins et au Théâtre des Arts. Sa dernière création semble être en 1957 celle de La Reine de Césarée de Robert Brasillach, qui fait scandale et donne lieu à de violentes manifestations en raison du collaborationnisme de son auteur.
Si l’on en juge d’après les sources disponibles, Alice Cocéa aura ainsi mis en scène vingt-trois pièces. Loin de se limiter au répertoire de boulevard où elle était attendue, elle aura au contraire monté aussi bien des auteurs contemporains reconnus (Cocteau, Giono ou encore Salacrou écrivent pour elle) que des classiques, sa décision de mettre en scène Le Misanthrope en 1938, où elle dirige Jean-Louis Barrault, ayant particulièrement frappé ses contemporains. Elle semble avoir cherché au cours de sa carrière de metteuse en scène à concilier ambition artistique et exigence de rentabilité, avec des résultats néanmoins mitigés, dont attestent les avis discordants de la critique à son sujet.
Bibliothèque nationale de France, département des Arts du spectacle, Paris (France) :
Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine (France) :
Bibliothèque historique de la Ville de Paris (France)
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