Dictionnaire des metteuses en scène
Chattie SalamanNée le 10/02/1919, Lickfold (Royaume-Uni)
Décédée le 31/07/2000, Northwood (Royaume-Uni)
Métiers: Comédienne, Metteuse en scène, Pédagogue
Pays d'exercice: Canada, France, Royaume-Uni
Organisations ou collectifs liés: Comédie de Saint-Étienne, Common Stock Theatre, Guidhall School or Music and Drama Londres, Théâtre Image-In-Aire
Personnalités liées: Catherine Dasté, Jean Dasté, Jean-Baptiste Manessier, John Blatchley, Michel Saint-Denis
Notice rédigée par Claire Blatchley, Joël Huthwohl
En 1935, à 16 ans, Chattie Salaman est élève à la London Theatre Studio à Londres fondée par Michel Saint-Denis et George Devine. Cette formation transmet les enseignements de Jacques Copeau – dont Saint-Denis était le neveu et collaborateur – et de Constantin Stanislavski. La vision artistique de Saint-Denis marque profondément Chattie Salaman. À partir de 1937, elle devient comédienne à Londres et dans les repertory theatres de province, notamment sous la direction des metteurs en scène Michel Saint Denis, Marius Goring, Tyrone Guthrie et John Gielgud.
Pendant la seconde guerre mondiale, étant objectrice de conscience, elle est infirmière dans un hôpital, puis batelière sur une péniche. Entre 1947 et 1957, elle se consacre à sa vie familiale. Avec son mari John Blatchley, metteur en scène, elle collabore, aux côtés de Michel Saint-Denis, à la seconde école qu’il ouvre à Londres après la guerre, la Old Vic School. Après son retour en France, le couple rejoint Michel Saint Denis à Strasbourg. John Blatchley y est metteur en scène à l’École supérieure d’art dramatique jusqu’en 1957. Dans ces années d’après-guerre, Chattie Salaman et John Blatchley font partie des milieux théâtraux pour qui le théâtre de Bertolt Brecht a un impact décisif. Par ailleurs la décentralisation théâtrale qui se met en place en France ouvrent des perspectives nouvelles. Ils sont enthousiasmés par le théâtre populaire tel que le met en pratique Jean Dasté à la Comédie de Saint-Étienne, qu’ils rejoignent en 1957. Chattie Salaman fait partie de la troupe pendant douze ans comme comédienne, et joue des rôles importants comme Titania dans Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, mis en scène par John Blatchley pour Les Tréteaux, équipe mobile de la compagnie. Jusqu’en 1959, où il quitte la compagnie, elle l’assiste sur ses spectacles. Elle dirige parallèlement les cours d’initiation au jeu dramatique où elle a pour élèves René Loyon, André Marcon et Evelyne Didi.
À partir de 1959, toujours à la Comédie, Chattie Salaman met elle-même en scène un répertoire d’œuvres théâtrales d’une grande diversité d’écriture, jusqu’aux plus contemporaines ou à destination du jeune public. Les premiers spectacles sont conçus pour le dispositif léger des Tréteaux. Puis, L’Opéra des Gueux, L’Empereur et l’Architecte d’Assyrie et Le Conte d’Hiver sont créés pour la grande troupe de la Comédie de Saint-Etienne. Ces derniers comptent parmi les productions importantes de la compagnie. Durant cette période, elle confie les décors de ses principales productions à Jean-Baptiste Manessier, qui conçoit aussi certains costumes, d’autres étant confiés à Anne Le Moal.
Après le succès de ses mises en scène – L’Empereur et l’Architecte d’Assyrie fait l’objet d’une nouvelle production en anglais au Stratford Festival (Canada) -, et portée par les idées nouvelles de mai 68 et le féminisme, Chattie Salaman retourne en Angleterre en 1972 avec un esprit d’avant-garde. Elle cofonde une compagnie de théâtre, le Common Stock Theatre, dont elle est directrice artistique de 1972 à 1983. À partir d’ateliers auprès de communautés des quartiers de Londres, les spectacles sont mis en œuvre par des professionnels (dramaturge, scénographe, compositeur, acteur, metteur en scène). La compagnie est un des acteurs pionniers du Community Theatre, un mouvement important dans la scène théâtrale britannique, en marge du théâtre officiel.
En 1984 elle s’éloigne du Community Theatre et fonde à Londres une nouvelle compagnie, Theatre Image-In-Aire, avec laquelle elle monte des auteurs contemporains ; mais les subventions très limitées compromettent sa durabilité. Après 1985, Chattie Salaman se consacre à l’enseignement et la mise en scène à la Guildhall School of Music and Drama. Elle y développe une approche pédagogique qu’elle nomme ‘the Magic Space’ (l’Espace magique), dans lequel la spatialité est essentielle. Elle réalise alors un nombre considérable de mises en scène avec les étudiants de troisième année.
De 16 à 81 ans, le théâtre est au centre de la vie de Chattie Salaman. Elle garde toujours un vif intérêt pour les propositions théâtrales nouvelles et les créations des auteurs dramatiques contemporains. Toujours en recherche, elle aborde ses mises en scène comme lieu où se croisent et se rencontrent les diverses disciplines des arts de la scène, pour un théâtre pour tous. Elle propose une exploration du processus imaginatif, individuellement et ensemble, autour du jeu, du texte et du mouvement. Le contenu est abordé par évocation, suggestion et allusion, plutôt que par la démonstration ou par une approche naturaliste ou politique. C’est une création collective qu’elle élabore avec les protagonistes qui vont, chacun avec sa forme d’expression – jeu, scénographie, costumes, musique, lumière – construire le spectacle.
Mises en scène à la Comédie de Saint-Étienne (France)
Mises en scène au Royaume-Uni
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