Dictionnaire des metteuses en scène
Irina BrookNée le 05/04/1962, Paris (France)
Métiers: Autrice, Comédienne, Metteuse en scène
Pays d'exercice: Allemagne, Autriche, France, Italie, Royaume-Uni
Organisations ou collectifs liés: Compagnie Irina Brook Dream New World, Compagnie Miranda, Les Èclaireurs, Théâtre du château d'Hardelot, Théâtre National de Nice
Personnalités liées: Andrew Todd, Dan Jemmett, Natasha Parry, Peter Brook
Notice rédigée par Agathe Sanjuan
Irina Brook a grandi dans une famille qui œuvre dans le milieu théâtral : son père Peter Brook est metteur en scène, sa mère Natasha Parry, actrice. Elle entreprend d’abord une carrière d’actrice à la suite de ses études à l’école de Stella Adler, à New York : elle joue dans des productions du Off Broadway, à Londres et à Paris. Attirée par la mise en scène, elle saute le pas quand elle découvre la pièce de Richard Kalinoski, Une bête sur la lune. La pièce, qu’elle crée à Londres, est reprise en France, où elle reçoit cinq Molière en 2001. Cette production lance sa carrière. Irina Brook monte avant tout un théâtre de textes classiques et contemporains. Elle met en scène William Shakespeare, Bertolt Brecht, Tennessee Williams, Marivaux ainsi que Lina Prosa, Stefano Massini, Brian Friel. Elle est profondément marquée par le travail de son père mais aussi par celui d’Ariane Mnouchkine : avec la troupe du Théâtre du Soleil, elle crée Tout est bien qui finit bien de Shakespeare en 1998, au Festival d’Avignon. Elle revendique un travail au plus proche des acteurs, très corporel – elle travaille régulièrement avec des chorégraphes – fondé sur le jeu, l’improvisation, le rire et l’humour. Elle revendique le rêve utopiste d’un monde meilleur recréé dans le microcosme de la troupe de théâtre. En 2007, Josette Féral l’a interrogée sur son rapport à la mise en scène en tant que femme. Elle affirme avoir ressenti une forme de neutralité de genre en tant que metteuse en scène : « dans mon rôle de metteure en scène, j’ai longtemps oublié le fait que j’étais une femme. Je me suis tout de suite sentie androgyne, voire asexuée. J’avais l’impression d’être neutre, d’appartenir à un autre sexe qui n’était ni femme ni homme, mais metteure en scène ! […] D’une certaine manière, j’ai tellement confiance dans le fait d’être femme et il me semble tellement évident que c’est un plus, que j’en oublie souvent que cela représente toujours une bataille ». De 2014 à 2019, Irina Brook dirige le Théâtre national de Nice, auquel la ministre de la Culture Aurélie Filippetti l’a encouragée à candidater : son projet est multiculturel, multidisciplinaire, ouvert, populaire, et se fixe comme objectif de faire venir au théâtre un public qui n’y est jamais venu. Engagée pour l’écologie, elle revendique un théâtre « lanceur d’alertes ». Elle imagine le festival Réveillons-nous ! à l’occasion de la COP21 de Paris. Elle conçoit également avec Andrew Todd un projet de théâtre écologique à construire en bord de Seine (à Ris-Orangis), sorte de théâtre élisabéthain en France, inspiré de celui des Bouffes du Nord et du Globe Theatre de Londres. Abandonné, ce projet a été repris par Todd au Théâtre du Château d’Hardelot, dont elle est artiste associée à partir de 2022. Si le nom de Brook a parfois été difficile à porter, c’est par la mise en scène qu’elle s’en est libérée tout en étant proche de son père par sa conception d’un théâtre centré sur le travail de l’acteur : « La passion du métier est si enveloppante qu’elle ne laisse pas d’espace pour la comparaison. Maintenant, nous parlons de théâtre ensemble. Ce qui nous rapproche, c’est l’amour de l’acteur, épicentre de tout travail théâtral ».
Prix SACD du Nouveau Talent (2000)
Molière de la révélation théâtrale pour Résonances (2000)
Molière de la meilleure pièce du répertoire et Molière du metteur en scène pour Une bête sur la Lune (2001)
Chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur (2016)
Commandeur de l’ordre des Arts et Lettres (2023)
Abonnement
L’abonnement annuel constitue le soutien essentiel aux activités éditoriales de la Société d’Histoire du Théâtre et à leur pérennité. Il inclut les envois papier, l’accès aux versions numériques et à nos archives.
S’ABONNER EN LIGNE À LA VERSION PAPIER+NUMÉRIQUES’ABONNER EN LIGNE À LA VERSION NUMÉRIQUE