Dictionnaire des metteuses en scène
Marcelle TassencourtNée le 28/05/1914, Neuilly-sur-Seine (France)
Décédée le 18/12/2001, Clamart (France)
Métiers: Comédienne, Directrice de théâtre, Metteuse en scène, Pédagogue
Pays d'exercice: France
Organisations ou collectifs liés: Association Théâtre et Culture, Compagnie Marcelle Tassencourt, Théâtre du Vieux-Colombier Paris, Théâtre Hébertot Paris, Théâtre Montansier Paris, Théâtre Sarah-Bernhardt Paris
Personnalités liées: Georges Bernanos, Georges Le Roy, Georges Toussaint, Jacques Hébertot, Jacques Marillier, Raymond Faure, Thierry Maulnier
Notice rédigée par Hélène Keller
Fille d’un couple franco-américain d’artistes peintres, Marcelle Tassencourt se passionne très jeune pour le théâtre et entre à 16 ans au Conservatoire national d’art dramatique de Paris dans la classe de Georges Le Roy. Elle en sort en 1934 avec un deuxième prix et trouve rapidement sa place dans le mouvement de renaissance théâtrale qui marque les années 1930 en travaillant sous la direction de Louis Jouvet, Charles Dullin et René Rocher. En 1940 elle s’exile à Lyon en compagnie de son premier mari, Louis-Gabriel Robinet, alors journaliste au Figaro. De 1940 à 1942, elle rejoint Louis Jouvet à Aix et participe à l’aventure de la Comédie de Provence fondée par Jean Serge.
Après son divorce en 1943, elle épouse en 1944 Thierry Maulnier, ancien collaborateur de l’Action française, éditorialiste au Figaro et futur Académicien. Le couple décide alors de se dédier entièrement au théâtre, elle comme metteuse en scène, et parfois encore comédienne, lui comme auteur, adaptateur et critique. Ils fondent une première compagnie, « Le Manteau d’Arlequin », avec laquelle ils ambitionnent de remettre à l’honneur des chefs d’œuvres oubliés : c’est ainsi que Marcelle Tassencourt met en scène en 1949 au Théâtre du Vieux Colombier l’Alexandre le Grand de Jean Racine. Cette première compagnie devient en 1963 l’association « Théâtre et Culture », ou « Compagnie Marcelle Tassencourt ».
C’est avec Dialogues des Carmélites, adapté de Georges Bernanos, que Marcelle Tassencourt acquiert une notoriété en tant que metteuse en scène. En 1952, elle soumet à Jacques Hébertot une adaptation en vingt-deux tableaux (élaborée avec l’écrivain suisse Albert Béguin) de cette œuvre initialement écrite pour le cinéma. Servie par une distribution prestigieuse (Hélène Vercors, Tania Balachova, Catherine Sellers, etc.), la pièce remporte l’adhésion du public comme de la critique. La collaboration de Marcelle Tassencourt avec Jacques Hébertot se poursuit pendant plusieurs années, avec notamment en 1954 La Condition humaine d’André Malraux adaptée par Thierry Maulnier. Marcelle Tassencourt est désormais une actrice incontournable du théâtre privé parisien, qui conduit également sa compagnie en province et jusqu’au Festival d’Athènes-Epidaure. Tout au long de sa carrière, elle crée plus de 100 spectacles, mettant en scène aussi bien des textes contemporains que des classiques et collaborant avec des décorateurs de renom parmi lesquels Raymond Faure, François Ganeau, Georges Toussaint, Jacques Marillier, Jean-Denis Malclès.
En 1961, c’est à elle que le maire de Versailles André Mignot fait appel pour la direction du Théâtre Montansier. Jusqu’en 1991, elle y est « directrice, administratrice, régisseur général, metteur en scène », tandis que Thierry Maulnier assume les fonctions de « directeur adjoint, chargé de la publicité », jusqu’à son décès en 1988. Le couple propose une programmation éclectique mêlant créations et reprises parisiennes. Entre 1961 et 1977, le théâtre passe de 40 000 à 60 000 spectateurs accueillis : le pari est réussi. Sa notoriété est renforcée à partir de 1977 avec la création du Festival de Versailles qui accueille chaque année sous le péristyle du Grand Trianon les tragédies de Racine et Corneille.
« Passeuse » enthousiaste, Marcelle Tassencourt s’est engagée avec conviction dans l’enseignement du théâtre et sa démocratisation. Professeure de diction et d’art dramatique au Conservatoire de Versailles, elle s’est également appuyée sur son association Théâtre et Culture pour mener des actions de promotion du théâtre dans les écoles. En 1971, elle crée le Concours interscolaire de Versailles, dont les concurrents se recrutent rapidement au niveau national et qui participe à la révélation de nombreux nouveaux talents.
Marcelle Tassencourt n’a pas laissé de somme théorique qui nous permette d’appréhender sa conception de la mise en scène. Dans ses courts articles ou interviews, elle affiche une ambition simple, celle d’attirer un large public dans les théâtres, et regrette de ne toucher « ni le grand public snob, ni les ouvriers ». Sur son travail et son rôle de metteuse en scène, elle se montre à la fois humble et peu diserte. Faisant le constat que l’importance croissante pris par le metteur en scène au cours du XXe siècle, elle écrit : « La tentation est grande de vouloir prendre la première place. Que l’on puisse dire : telle mise en scène est inoubliable » […], mais « Nous sommes des intermédiaires, des accoucheurs, des réalisateurs de l’instant. Et cependant notre liberté doit rester entière. Elle ne peut être limitée que par notre propre honnêteté. Je pense à Vilar qui tenait à s’appeler : Régisseur ».
Abonnement
L’abonnement annuel constitue le soutien essentiel aux activités éditoriales de la Société d’Histoire du Théâtre et à leur pérennité. Il inclut les envois papier, l’accès aux versions numériques et à nos archives.
S’ABONNER EN LIGNE À LA VERSION PAPIER+NUMÉRIQUES’ABONNER EN LIGNE À LA VERSION NUMÉRIQUE