Dictionnaire des metteuses en scène
Claudia StaviskyNée le 01/01/1956, Buenos-Aires (Argentine)
Métiers: Comédienne, Directrice de théâtre, Metteuse en scène
Pays d'exercice: France
Organisations ou collectifs liés: Compagnie C. Stavisky, Opéra National de Lyon, Théâtre des Célestins Lyon, Théâtre National de la Colline Paris
Personnalités liées: Antoine Vitez, Christian Fenouillat, Jorge Lavelli, Lev Dodine, Marc Lesage, Michel Bouquet, Patrick Penot, Peter Brook, Pierre-Yves Lenoir
Notice rédigée par Fabienne Bullot
Dès son enfance argentine, le désir de théâtre de Claudia Stavisky s’épanouit au sein d’une école publique d’art, puis au Conservatoire de Buenos Aires. Arrivée en France en 1974, elle produit sur Radio France Internationale une émission quotidienne pour les pays lusophones, et anime des ateliers d’alphabétisation s’appuyant sur la pratique théâtrale, dans des prisons et des foyers de travailleurs.
Reçue au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique (promotion 1979), elle se forme dans la classe d’Antoine Vitez, dont l’enseignement la marque durablement. Sous sa direction, elle débute une carrière de comédienne et joue également avec Peter Brook, Brigitte Jaques, René Loyon, Bruce Myers, Stuart Seide, Viviane Théophilidès ; et sur ses conseils, se tourne vers la mise en scène, renonçant à son amour du jeu. Le travail sur Le Cri de la langouste, que René Loyon lui propose de monter à sa place, puis la découverte d’Avant la retraite – comédie féroce, qui lui apparaît d’une nécessité absolue – seront déterminants.
Ses créations françaises, au début des années 1990, dénotent un goût prononcé pour la violence des auteurs européens d’après-guerre : elle présente d’abord Munich-Athènes, de Lars Norén, au Théâtre des Halles d’Avignon, pendant l’édition 1993 du Festival, puis met en scène l’année suivante, au Théâtre national de la Colline, Nora, d’Elfriede Jelinek, suivi de Mardi, d’Edward Bond. Dans les années 2000, elle confirme sa prédilection pour les écritures radicales qui questionnent les rapports discordants entre intime et politique avec les pièces de Howard Barker, Cristina Comencini, David Harrower et Roland Schimmelpfenning.
Metteuse en scène associée, en 1998, à la Comédie de Reims dirigée par Christian Schiaretti, elle est nommée, deux ans plus tard, à la tête du Théâtre des Célestins de Lyon – bâtiment historique municipal, qu’elle dirigera jusqu’à sa retraite en 2023. Son action contribue au renouvellement significatif du public et de la programmation, qui accueille désormais artistes et spectacles phares des scènes françaises et internationales. Elle assume la rénovation d’envergure de ce théâtre à l’italienne, conduit de nombreux projets d’insertion professionnelle et de pratique artistique avec les habitants des territoires de la région, et signe quatre collaborations avec l’Opéra de Lyon.
Alternant dès lors répertoire moderne et contemporain, elle met en scène une trentaine de spectacles, fréquemment repris dans le réseau national des théâtres subventionnés. À l’invitation de Lev Dodine, elle dirige les acteurs de la troupe du Maly Drama Théâtre dans Lorenzaccio ; ceux de la troupe nationale du Shanghai Dramatic Arts Center, dans Blackbird, de David Harrower, et Skylight, de David Hare. Ses dernières mises en scène privilégient la prospérité du répertoire occidental : Chatte sur un toit brûlant, Les affaires sont les affaires, Mort d’un commis voyageur, La Trilogie de la villégiature, La Vie de Galilée.
Des éléments de l’héritage vitézien transparaissent dans le parcours de Claudia Stavisky : amour de la langue, centralité des interprètes, idée de la valeur politique du théâtre, engagements en faveur de la démocratisation culturelle. Ses productions sollicitent des équipes artistiques expérimentées, qu’il s’agisse de la scénographie ou de la création des costumes et du son, et mettent à l’honneur comédiens populaires et grands noms de la scène française – Denise Gence sera récompensée par un Molière pour son interprétation de Véra dans Avant la retraite.
La critique salue chez Claudia Stavisky la fidélité aux textes, la maîtrise de troupes talentueuses, la justesse des dispositifs, la clarté des enjeux ; elle regrette parfois une partition scénique dénuée de l’inquiétude poétique qu’aurait laissé espérer son intérêt pour les personnages aux consciences déboussolées et pour les œuvres audacieuses qui interrogent les formes de la dramaturgie.
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