Dictionnaire des metteuses en scène
Julie DeliquetMétiers: Animatrice de collectif, Comédienne, Directrice de théâtre, Metteuse en scène, Réalisatrice de cinéma, Scénographe
Pays d'exercice: France
Organisations ou collectifs liés: Collectif In Vitro, Comédie de Saint-Étienne, Comédie Française Paris, Compagnie Le Studio, Compagnie Tais-toi ma langue, Festival d'Automne Paris, Festival d'Avignon, Festival Impatience, La Ferme du Buisson Noisiel, Théâtre 13 Paris, Théâtre de l'Odéon Paris, Théâtre de la Bastille Paris, Théâtre de Lorient CDN, Théâtre de Vanves, Théâtre Gérard Philippe Saint-Denis, Théâtre La Coursive La Rochelle, Théâtre Romain Rolland Villejuif
Personnalités liées: Agnès Ramy, Aleksandra de Cizancourt, Annabelle Simmon, Anne Barbot, David Seigneur, Éric Charon, Isabelle Melmoux, Jean-Christophe Laurier, Julie André, Julie Scobeltzine, Magaly Godenaire, Olivier Faliez, Pascale Fournier, Richard Sandra, Vyara Stefanova, Zoé Pautet
Notice rédigée par Fabienne Bullot
D’une enfance ludique riche en pratique du théâtre amateur, Julie Deliquet retient avant tout l’extraordinaire stimulation de la section « Cinéma et arts plastiques » de ses années lycée, à Lunel – « véritable déclencheur » d’une vocation qui se nourrit simultanément au Conservatoire de Montpellier, dirigé par Ariel Garcia-Valdès, et en faculté de cinéma (1998-1999) : « On faisait tous les festivals, on rencontrait énormément d’artistes, on allait au cinéma toutes les semaines voire plusieurs fois par semaine, on apprenait l’analyse filmique. […] Je pense que je suis metteuse en scène parce que j’ai fait cette formation, sinon j’aurais été actrice. » Élève à l’École du Studio-Théâtre d’Asnières de 1999 à 2002, elle se forme aussi à l’école Jacques-Lecoq (2002-2004) dont elle apprécie les projets en autogestion avec des camarades de jeu venus du monde entier. L’émulation impulsée par José Alfarroba au Théâtre de Vanves, où « les groupes existaient les uns avec les autres et non pas les uns contre les autres », est également fondatrice dans son parcours.
Au début des années 2000, elle joue et danse dans les créations de Lionel Gonzalès, Jean-Louis Martin-Barbaz, Jean-Marc Hoolbeq, Benoît Théberge, et fonde la compagnie Tais-toi ma langue. La création d’Amorphe, maquette présentée au théâtre Romain-Rolland de Villejuif, est le point de départ de sa démarche artistique. En 2009, elle crée, avec des artistes complices, le collectif In Vitro, qui se fédère autour des « exigences » suivantes : l’échange et les propositions individuelles des interprètes qui priment sur l’idée du metteur en scène, l’improvisation qui s’érige en moteur des répétitions et des représentations, le plateau nu, peu de costumes, un lieu unique, le temps réel du plan-séquence, qui chasse la représentation classique découpée en scènes. L’illusion est celle d’un « direct spontané », qui réduit la frontière avec le spectateur.
L’idée maîtresse du processus de travail est l’engagement intense de « l’interprète-créateur » dans l’expérimentation permanente des « écritures de plateau ». Avec ce « retour des comédiens », repéré dans le théâtre européen depuis les années 1990, le jeu ne « figure » plus le texte mais devient « un passionnant élément de création et de questionnement ».
La première proposition de ce collectif, Derniers remords avant l’oubli, de Jean-Luc Lagarce, reçoit le prix du public au concours des jeunes metteurs en scène du Théâtre 13. Suivront La Noce, de Brecht (présenté au Festival Impatience du Centquatre), puis Nous sommes seuls maintenant, fruit d’une écriture collective de plateau. Ce triptyque, saga rocambolesque baptisée Des années 70 à nos jours, explore la fin des utopies collectives : il sera repris avec succès, en tournée, puis au Festival d’Automne 2014, avant de trouver son épilogue, en 2015, avec Catherine et Christian (fin de partie), à nouveau à partir d’une écriture collective.
Le public se familiarise avec l’espace emblématique de ce collectif au nom de laboratoire : la grande tablée – intergénérationnelle et sociale –, où se rejouent sans cesse les rapports de pouvoir de l’espace démocratique. Il a l’impression d’y être invité et que le « vivant » s’y invente en direct, tant la circulation de la parole y est naturelle, sans être naturaliste : « Quand c’est improvisé, j’aime qu’on croie que c’est du texte et, quand c’est du texte, j’aime qu’on croie que c’est improvisé. L’un n’est jamais l’opposé de l’autre. […] C’est l’acteur qui dirige le texte et non l’inverse. »
En 2016, Éric Ruf invite Julie Deliquet à La Comédie-Française où elle engage une collaboration fructueuse avec cette autre « famille » d’acteurs au sein d’une maison « fixe », qui viendra renouveler sa méthode de travail. Elle monte Vania d’après Oncle Vania puis retrouve, en 2017, le collectif In Vitro pour Mélancolie(s), également inspiré de Tchekhov. En 2019, elle amorce une série de créations qui se présentent comme les versions scéniques de scénarios à forte dimension théâtrale par leur « oralité » : Bergman, Desplechin, Fassbinder ; puis à la demande de Frederick Wiseman, le spectacle Welfare, à partir de son documentaire réalisé en 1973, présenté dans la cour d’honneur au Festival d’Avignon 2023.
Artiste associée depuis 2014 au Théâtre Gérard-Philipe, Julie Deliquet en prend la direction en 2020.
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