Dictionnaire des metteuses en scène
Rébecca ChaillonMétiers: Autrice, Metteuse en scène, Performeuse
Pays d'exercice: France
Organisations ou collectifs liés: Compagnie Dans le ventre, Compagnie Entrée de jeu
Personnalités liées: Amandine Gaye, Aurore Déon, Bernard Grosjean, Céline Champinot, DeLaVallet Bidiefono, Émilie Jouvet, Pierre Guillois, Rodrigo Garcia, Virginie Despentes
Notice rédigée par Pénélope Déchaufour
D’origine martiniquaise, Rébecca Chaillon grandit en Picardie où elle passe un baccalauréat littéraire option théâtre. Elle rejoint ensuite Paris pour y suivre un cursus en études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle Paris 3, et en art dramatique au Conservatoire du XXe arrondissement. En 2005, elle intègre la compagnie Entrées de Jeu, fondée en 1997 par Bernard Grosjean autour du débat et de l’improvisation. Elle s’y implique jusqu’en 2017, moment où Dans le ventre, sa propre compagnie créée en 2006, intègre les circuits du théâtre subventionné. Entre des apparitions en tant que comédienne dans des spectacles comme Balancez mes cendres sur Mickey de Rodrigo Garcia (2007), Monstres, on ne danse pas pour rien de DeLaVallet Bidiefono (2017) ou Mesdames, messieurs et le reste du monde de Ronan Chéneau et David Bobée (2018) et de nombreuses performances (une quinzaine entre 2012 et 2024, notamment Whitewashing en 2017 avec Aurore Déon), elle signe plusieurs créations dans lesquelles elle joue la plupart du temps : Huit femmes (2006), L’Estomac dans la peau (2014), Monstres d’amour (2016), Où la chèvre est attachée il faut qu’elle broute (2018), Une patte retombe toujours sur ces chattes (2021), Carte noire nommée désir (2021) et Plutôt vomir que faillir (2022).
On a également pu la voir à l’écran dans des rôles secondaires comme dans la série HPI de Mona Achache ou Les Grands de Vianney Lebasque et Joris Morio. Elle participe à des documentaires : Ouvrir la voix d’Amandine Gay, My body my rules d’Emilie Jouvet. Après des adaptations, la metteuse en scène développe son travail d’écriture et publie Boudin Biguine Best of Banane aux éditions de L’Arche en 2023. En 2024, le Festival d’Avignon programme la grande forme Carte noire nommée désir. Ce spectacle suscite de vives polémiques dans les médias et auprès du public. Les performeuses sont victimes d’agressions verbales et physiques puis de harcèlement sur les réseaux sociaux ce qui conduit la metteuse en scène à déposer une plainte contre X pour cyberharcèlement en novembre 2023.
Marquée par sa rencontre avec Rodrigo Garcia, le travail de Rébecca Chaillon relève de la performance. De sa pratique de l’auto-maquillage (bodypainting) à la performance alimentaire dans des propositions marquées par l’intermédialité, le corps, ses stigmates et les assignations dont il peut faire l’objet, sont toujours au centre des dispositifs scéniques qu’elle imagine. « J’emmêle mon français dans mes souvenirs créoles en racontant boulimiquement la violence de mon monde de grosse jeune femme noire picarde bisexuelle. Performer, mettre mon corps en sacrifice […] Je me réapproprie la violence, je la fais mienne, j’exerce un pouvoir sur elle en la filtrant et en la sublimant » (« En digestion », contribution à l’ouvrage Décolonisons les arts !) dit-elle pour parler de son travail. Soucieuse de faire coïncider ses valeurs avec sa pratique, elle pense les modes de production de ses spectacles dans les perspectives intersectionnelles, queer et afro-féministes qui caractérisent leurs propos. La sororité se déploie notamment à travers des collectifs féminins qui investissent le plateau depuis leurs propres outils de création et/ou leurs histoires intimes qu’elles partagent sur le mode d’une dramaturgie du témoignage. Émergeant dans le sillage de l’afropéanisme en France depuis les années 2015, le théâtre de Rébecca Chaillon s’inscrit dans les expressions animées par des enjeux de décolonialité.
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