Société d'Histoire du Théâtre

Notice


D’origine martiniquaise, Rébecca Chaillon grandit en Picardie où elle passe un baccalauréat littéraire option théâtre. Elle rejoint ensuite Paris pour y suivre un cursus en études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle Paris 3, et en art dramatique au Conservatoire du XXe arrondissement. En 2005, elle intègre la compagnie Entrées de Jeu, fondée en 1997 par Bernard Grosjean autour du débat et de l’improvisation. Elle s’y implique jusqu’en 2017, moment où Dans le ventre, sa propre compagnie créée en 2006, intègre les circuits du théâtre subventionné. Entre des apparitions en tant que comédienne dans des spectacles comme Balancez mes cendres sur Mickey de Rodrigo Garcia (2007), Monstres, on ne danse pas pour rien de DeLaVallet Bidiefono (2017) ou Mesdames, messieurs et le reste du monde de Ronan Chéneau et David Bobée (2018) et de nombreuses performances (une quinzaine entre 2012 et 2024, notamment Whitewashing en 2017 avec Aurore Déon), elle signe plusieurs créations dans lesquelles elle joue la plupart du temps : Huit femmes (2006), L’Estomac dans la peau (2014), Monstres d’amour (2016), Où la chèvre est attachée il faut qu’elle broute (2018), Une patte retombe toujours sur ces chattes (2021), Carte noire nommée désir (2021) et Plutôt vomir que faillir (2022).  

On a également pu la voir à l’écran dans des rôles secondaires comme dans la série HPI de Mona Achache ou Les Grands de Vianney Lebasque et Joris Morio. Elle participe à des documentaires : Ouvrir la voix d’Amandine Gay, My body my rules d’Emilie Jouvet. Après des adaptations, la metteuse en scène développe son travail d’écriture et publie Boudin Biguine Best of Banane aux éditions de L’Arche en 2023. En 2024, le Festival d’Avignon programme la grande forme Carte noire nommée désir. Ce spectacle suscite de vives polémiques dans les médias et auprès du public. Les performeuses sont victimes d’agressions verbales et physiques puis de harcèlement sur les réseaux sociaux ce qui conduit la metteuse en scène à déposer une plainte contre X pour cyberharcèlement en novembre 2023.

Marquée par sa rencontre avec Rodrigo Garcia, le travail de Rébecca Chaillon relève de la performance. De sa pratique de l’auto-maquillage (bodypainting) à la performance alimentaire dans des propositions marquées par l’intermédialité, le corps, ses stigmates et les assignations dont il peut faire l’objet, sont toujours au centre des dispositifs scéniques qu’elle imagine. « J’emmêle mon français dans mes souvenirs créoles en racontant boulimiquement la violence de mon monde de grosse jeune femme noire picarde bisexuelle. Performer, mettre mon corps en sacrifice […] Je me réapproprie la violence, je la fais mienne, j’exerce un pouvoir sur elle en la filtrant et en la sublimant » (« En digestion », contribution à l’ouvrage Décolonisons les arts !) dit-elle pour parler de son travail. Soucieuse de faire coïncider ses valeurs avec sa pratique, elle pense les modes de production de ses spectacles dans les perspectives intersectionnelles, queer et afro-féministes qui caractérisent leurs propos. La sororité se déploie notamment à travers des collectifs féminins qui investissent le plateau depuis leurs propres outils de création et/ou leurs histoires intimes qu’elles partagent sur le mode d’une dramaturgie du témoignage. Émergeant dans le sillage de l’afropéanisme en France depuis les années 2015, le théâtre de Rébecca Chaillon s’inscrit dans les expressions animées par des enjeux de décolonialité. 

Mises en scène


  • Huit femmes, de Robert Thomas, créé en 2006 à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, Paris (France).
  • Savantes ? adaptation des Femmes savantes de Molière, créé en 2009 au Centre Paris Anim’ La Joncquière, Paris (France).
  • L’Estomac dans la peau créé créé le 13 mars 2014 à l’Atelier du Plateau, Paris (France)
  • Monstres d’amour (Je vais te donner une bonne raison de crier), créé le 6 avril 2017 à L’Antre-peaux, Bourges (France).
  • Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute, créé le 17 novembre 2018 à La Ferme du buisson – Scène Nationale de Marne-la-Vallée, Marne-La-Vallée (France).
  • Sa bouche ne connaît pas de dimanche – fable sanguine, créé avec Pierre Guillois le 17 juillet 2019 dans le Jardin de la Vierge du Lycée Saint Joseph d’Avignon pour Vive le sujet ! (Festival In d’Avignon), Avignon (France).
  • Une patte retombe toujours sur ces chattes, créé le 17 juillet 2021 au Théâtre de La Chapelle du verbe incarné, Avignon (France).
  • Carte noire nommée désir, créé le 9 novembre 2021 au Théâtre de la Manufacture, Nancy (France).
  • Plutôt vomir que faillir, créé le 29 novembre 2022 au CDN de Besançon Franche-Comté, Besançon (France).

Références bibliographiques


  • Rébecca Chaillon, Boudin Biguine Best of Banane, Paris, L’Arche, 2023.
  • Rébecca Chaillon, « En digestion » dans Leïla Cukierman, Gerty Damnbury et Françoise Verges (dir),  Décolonisons les arts !, Paris, L’Arche, 2018.
  • Rébecca Chaillon, « Lettre » dans Aurélie Olivier (dir), Lettre aux jeunes poétesses, Paris, L’Arche, 2021.
  • Rébecca Chaillon in Delaume, Chloé (dir) Sororité , Paris, Points, 2021
  • Rébecca Chaillon, entretien avec Clare Finburgh Delijani, Théâtre/Public, juillet-septembre 2024, n°252, [en ligne], https://theatrepublic.fr/tp252-la-puissance-de-la-presence-et-de-laction-me-flingue-toujours/. Consulté le 12 novembre 2024.
  • Site Internet de Rébecca Chaillon – Compagnie Dans le Ventre . https://dansleventre.com/fr. Consulté le 12 novembre 2024.
  • Sylvie Chalaye, Pénélope Déchaufour, « Nudité et performance décoloniale : quand la sur-exhibition du corps racisé fait voler en éclats l’éroticolonie », CORPS : Revue Interdisciplinaire, [en ligne], 19 / 2022, n°19, p. 261-271. https://doi.org/10.3917/corp1.019.0261.  Consulté le 12 novembre 2024.
  • Pauline L. Boulba, CritiQueer la danse – Réceptions performées & critiques affectées, Vincennes, Presses universitaires de Vincennes, 2023.
  • Bérénice Hamidi, « Les controverses théâtrales sur la question raciale : scène d’une bataille culturelle ? » dans « Théâtre public : les scènes de la discorde », L’Observatoire, n° 62, p. 37-43, 2024. https://doi.org/10.3917/lobs.062.0037. Consulté le 12 novembre 2024.
  • Pauline Rousseau, « Vous avez dit lesbienne, queer, au théâtre… Qu’est-ce à dire ? Étude comparée : La lesbienne invisible d’Océane Rose Marie et Monstres d’amour de Rébecca Chaillon » dans Raphaëlle Doyon et Pierre Katuszewski (dir) « Genre et arts vivant », Horizons/Théâtre [En ligne], 10-11, 2017, mis en ligne le 01 juillet 2018. URL : http://journals.openedition.org/ht/476 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ht.476. Consulté le 30 octobre 2024.
  • Elise Van Haesebroeck, « Le trouble entre jouissance et pouvoir comme puissance d’émancipation : de l’homoérotisme lesbien au cannibalisme amoureux dans le théâtre de Rébecca Chaillon » dans Florence Fix et Muriel Plana (dir) Présences et représentations des corps des femmes dans la littérature et les arts. Reproduction, jouissance, pouvoir, Dijon, EUD, 2023.
  • « Rébecca Chaillon, performer pour dénoncer », [En ligne], capsule France Culture, mise en ligne le 26 décembre 2022. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/bienvenue-au-club/rebecca-chaillon-performer-pour-denoncer-4191259. Consulté le 12 novembre 2024.
  • « Dialogue avec Rébecca Chaillon pour Carte noire nommée désir », [En ligne], Café des idées, Cloître Saint Louis, Festival In d’Avignon, le 23 juillet 2023, mis en ligne le 24 juillet 2023. https://festival-avignon.com/fr/audiovisuel/dialogue-avec-rebecca-chaillon-pour-carte-noire-nommee-desir-347809. Consulté le 12 novembre 2024.
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