Retour sur les origines des coulisses de théâtre

Résumé

Le terme français coulisse remonte au XVIIe siècle. Mais à cette époque, le mot devait être pris dans son sens premier, à savoir une pièce de bois qui coulisse dans une autre pièce de bois. Cette machine – cachée du public – était le principe de base pour les changements de décors et autres deus ex machina. En 1676, dans son dictionnaire d’architecture, Félibien propose cette définition pour Coulisse : « C’est un canal fait de bois ou autrement, dans lequel on fait aller et venir un châssis ».
Dans la pratique, c’est sans conteste l’architecte italien Giacomo Torelli qui, dans les années 1640-1650, va populariser la coulisse au théâtre, à Venise, puis à Paris. Il suscite l’émerveillement avec ses ingénieux changements à vue dont on détaille ici la technique. Dès 1663, le terme coulisse apparaît dans les marchés de décor, appliqué au changement d’éclairage ; le marché passé par Vigarani en 1673, montre les améliorations apportées aux coulisses placées dans les dessous de scène.
Puis, au XVIIIe siècle, on assiste au glissement de sens du mot coulisse : par métonymie, il ne va plus désigner la machine en elle-même, mais le lieu où elle se trouve, et par extension, tout ce qui est en dehors du cadre de scène. Pourtant, jusqu’à nos jours – dans la langue française – le terme ancien est resté, tel un lointain témoignage de ces mécanismes disparus faits de chanvre et de bois.