Dictionnaire des metteuses en scène
Louise LaraNée le 22/07/1876, Château-Thierry (France)
Décédée le 09/05/1952, Paris (France)
Métiers: Comédienne, Directrice d'un laboratoire théâtral, Metteuse en scène
Pays d'exercice: France
Organisations ou collectifs liés: Art et Liberté Paris, Comédie Française Paris, L'Assaut, La Phalange Artistique Paris, Laboratoire Art et Action Paris, Théâtre de l'Odéon Paris, Théâtre de l'Oeuvre Paris, Théâtre de la Renaissance Paris, Théâtre du Gymnase Paris
Personnalités liées: Armand Bour, Aurélien Lugné-Poe, Claude Antant-Lara, Édouard Autant, Fernand Divoire, Henri Barbusse, Henri-Martin Barzun, Marie-Antoinnette Allévy, Marie-Louise Van Veen, Paul Claudel, Romain Rolland
Notice rédigée par Eugénie Martin
Ayant fait ses débuts très tôt dans une troupe d’enfants, galerie Vivienne à Paris, Louise Lara entre en 1891 dans la classe de Worms au Conservatoire. Au début des années 1890, elle joue ses premiers rôles sur diverses scènes parisiennes, aux côtés de Lugné-Poe pour le Théâtre de l’Œuvre ou de Sarah Bernhardt au Théâtre de la Renaissance. À sa sortie du Conservatoire en 1895, elle obtient un premier prix de comédie qui lui ouvre les portes de l’Odéon, puis de la Comédie-Française : d’abord engagée comme pensionnaire le 22 juillet 1896, jour de son vingtième anniversaire, elle devient le 1er mars 1899 la 334e sociétaire du Théâtre-Français.
En 1900, elle épouse l’architecte Édouard Autant, ancien étudiant des Beaux-Arts ; de cette union naît leur fils Claude l’année suivante. Les deux époux ont en commun leur passion du théâtre, dont ils partagent une vision résolument moderne, à rebours des rôles classiques auxquels Louise Lara est cantonnée à la Comédie-Française. Dès les années 1910, la comédienne remet en question les choix conservateurs du Comité de lecture, défendant vigoureusement de nouvelles dramaturgies et des auteurs de la jeune génération, selon elle trop peu mis à l’honneur. En témoigne sa tentative, en 1911, de créer avec son camarade Armand Bour un « Théâtre Impressif » destiné à faire connaître ces auteurs nouveaux. Ses incartades répétées, qu’il s’agisse de ses manquements à l’égard de son engagement de sociétaire ou de ses convictions pacifistes affichées durant la Première Guerre mondiale, lui valent l’incompréhension de ses pairs et lui attirent les foudres des administrateurs successifs : en 1919, elle est mise à la retraite contre son gré. Ce goût pour les auteurs modernes conduit progressivement Louise Lara à inventer elle-même de nouvelles grammaires scéniques. En 1917, elle rejoint avec son époux Édouard Autant l’association Art et Liberté, héritière du Club artistique de Passy qu’avaient fondé avant-guerre Guillaume Apollinaire, Henri Barzun, Louis de Royaumont et Sébastien Voirol.
Le couple Autant-Lara s’engage dès lors dans la voie d’expérimentations artistiques marquées par l’influence du symbolisme, du cubisme, du simultanéisme ou encore du futurisme italien, que les deux époux contribuent à importer en France. Sous leur impulsion, ce groupement littéraire et artistique devient, à partir de 1919, un « laboratoire théâtral pour l’affirmation et la défense d’œuvres modernes » du nom d’Art et Action. La troupe, composée en majorité de comédiens amateurs – dont Akakia-Viala, nièce de Lara –, s’établit dans le « grenier jaune » du 66 rue Lepic sur la butte Montmartre, au cœur des avant-gardes parisiennes. La devise du groupe, « Mieux vaut faire un faux pas en avant et se relever avec courage que bien faire et rester stationnaire », témoigne d’une entreprise entièrement tournée vers la recherche expérimentale. Explorant de nouvelles formules vouées à rénover le jeu d’acteur ou la scénographie théâtrale, prônant un total désintéressement tout en assumant une forme d’élitisme, Art et Action met à l’honneur des textes réputés injouables et des écrivains peu connus du grand public : Fernand Divoire, Georges Polti, Paul Méral, Georges Ribemont-Dessaignes, entre autres, ainsi que des auteurs étrangers comme Marinetti ou Wyspiański. Aidée de son mari, de sa nièce Akakia et de son fils Claude pour la scénographie, les costumes et les décors, Louise Lara prend en charge la direction d’acteurs et les répétitions à Seugy, dans l’Oise. Elle met au point une nouvelle méthode d’improvisation théâtrale baptisée « Comédie spontanée moderne », librement inspirée de la Commedia dell’arte. Dans les années 1920, elle signe en son nom propre plusieurs mises en scène du groupe, à l’instar de la fantaisie pacifiste de Romain Rolland Liluli, ou des Essais de Montaigne adaptés par Édouard Autant, dont elle réussit une audacieuse transposition pour la scène. Du fait de l’absence de recettes générées par ces spectacles, les représentations se font beaucoup plus rares au cours de la décennie 1930, mais Louise Lara n’en demeure pas moins active : pédagogue infatigable, elle s’attache à transmettre les idées nouvelles explorées par Art et Action, réunies en cinq « conceptions de structures dramatiques modernes ».
Elle multiplie, jusqu’à sa mort en 1952, les publications, expositions et conférences sur le théâtre, à l’image de ses cours d’esthétique dramatique moderne et de technique dramatique donnés en Sorbonne et au Conservatoire. Les mises en scène de Louise Lara – et du groupe Art et Action en général –, bien que saluées pour leur audace dans la presse littéraire et de spectacles, sont demeurées relativement confidentielles et n’ont pas fait école. Elles ont toutefois inspiré des metteurs en scène ultérieurs, tels que Jean-Louis Barrault ou Jacques Polieri.
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