Dictionnaire des metteuses en scène
Simone JollivetNée le 30/06/1903, Albi (France)
Décédée le 12/01/1968, Paris (France)
Métiers: Autrice, Comédienne, Metteuse en scène
Pays d'exercice: France
Organisations ou collectifs liés: Cartel des quatre Paris, Théâtre de l'Atelier Paris, Théâtre de la Cité Paris, Théâtre Sarah-Bernhardt Paris
Personnalités liées: Armand Salacrou, Charles Dullin, Darius Milhaud, Elsa Barraine, François Truffaut, Georges Auric, Georges Vakalo, Jean-Paul Sartre, Louis Touchagues, Lucien Coutaud, Marcel Delannoy, Natalia Gontcharova, Pierre Sonrel, Simone de Beauvoir
Notice rédigée par Anne-Lise Depoil
L’activité de metteuse en scène de Simone Jollivet a longtemps été occultée, d’une part, par le portrait à charge qu’en a dressé Simone de Beauvoir dans ses mémoires, d’autre part, par ses relations sentimentales avec Jean-Paul Sartre puis avec Charles Dullin, dont elle est la compagne de 1928 à sa mort en 1949. Si les travaux de recherche citent parfois son œuvre dramatique (elle est l’autrice de cinq adaptations et deux pièces originales), ils continuent largement d’ignorer ses apports à l’histoire de la mise en scène en général et à la carrière de Dullin en particulier, reconduisant l’invisibilisation dont elle est l’objet dès son vivant : non créditée pour le travail qu’elle réalise avec Dullin entre 1935 et 1949, elle n’est quasiment pas identifiée par la presse quand elle signe en 1945 sa première (et seule) mise en scène en son nom propre, celle du Roi Lear.
Originaire d’une famille de la petite bourgeoisie toulousaine, Simone Jollivet monte à Paris en 1928 et débute en tant qu’actrice au Théâtre de l’Atelier. Mais, montrant peu de dispositions au jeu, elle se tourne vers l’écriture : après l’échec de L’Ombre (1928), elle réalise les adaptations du Faiseur (1935), de Jules César (1937) et de Plutus (1938), pour lesquelles les archives permettent en outre d’établir sa participation active au travail de mise en scène, que Dullin signera pourtant seul. Elle réalise annotations et croquis de mise en scène sur ses manuscrits, travaille aux emplacements et intentions de la musique, élément, selon ses termes, d’un « langage dramaturgique nouveau », et participe aux répétitions. Ces trois pièces font partie des grands succès de l’Atelier.
Pendant l’Occupation, elle contribue probablement à la mise en scène de sa pièce La Princesse des Ursins (1942) et assure à l’école dramatique Charles Dullin des cours d’histoire du théâtre, conjointement avec Sartre, ainsi que des cours pratiques de mise en scène.
À la Libération, Dullin, directeur du Théâtre Sarah-Bernhardt, incite les membres de sa nouvelle équipe de direction, dont Simone Jollivet fait partie, à présenter et signer leurs propres mises en scène : Jollivet monte alors Le Roi Lear (1945), dont l’ambition et la complexité prouvent son expérience passée dans la mise en scène. Son dispositif repose sur le changement à vue des décors, des toiles peintes s’élevant et s’abaissant à un rythme soutenu, ainsi que sur une « transposition » éloignée de la reconstitution élisabéthaine : des acteurs et actrices figurent par le mime arbres et buissons de la lande, tandis que décors et costumes, d’inspiration abstraite, se verront reprocher leur exotisme par la presse. Mal reçue par la critique, la pièce est vite retirée de l’affiche par Dullin, en butte à d’importantes difficultés financières.
Après cet échec, Jollivet redevient la collaboratrice non créditée de Dullin, avec qui elle travaille une dernière fois à la mise en scène de La Marâtre (1949). La mort de Dullin la prive peu après de ressources financières ainsi que de la possibilité de faire jouer ses pièces. N’ayant pas eu accès à la direction d’un théâtre, contrairement à la plupart des metteuses en scène de son temps, Simone Jollivet, en dépit de son ambition, n’aura pu exercer la mise en scène que dans le cadre du couple qu’elle formait avec Dullin. Son activité n’a ainsi laissé que des sources fragmentaires, parfois difficiles à interpréter, et se trouve donc probablement encore sous-évaluée : il n’est pas exclu qu’elle ait collaboré, à des degrés divers, à d’autres mises en scène de Dullin que celles citées dans cette notice.
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