Dictionnaire des metteuses en scène
Cathrine MonnotNée le 02/05/1943, Vichy (France)
Décédée le 28/12/2015, Paris (France)
Métiers: Autrice, Comédienne, Directrice artistique de compagnie, Maîtresse de conférence, Metteuse en scène
Pays d'exercice: France
Organisations ou collectifs liés: Café de la gare Paris, Compagnie Polygène, Festival d'Avignon, Ligue d'improvisation française, Théâtre de la Commune Aubervilliers
Personnalités liées: André Acquart, Didier Messein, Françoise Decaux, Gabriel Garran, Rufus, Vanina Michel, Zoé Narcy
Notice rédigée par Stéphane Miglierina
Après des études de Lettres Modernes à la Sorbonne et une participation à la Troupe Comédie Moderne de la Sorbonne, Catherine Monnot rencontre Gabriel Garran en 1968, à la faveur des mouvements de contestation, et devient son assistante au sein du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers. Cette expérience d’assistante à la mise en scène, alliée à la responsabilité du cycle « Théâtre Inédit », lui permet d’acquérir les techniques d’écriture de spectacles qui lui seront caractéristiques pendant toute sa carrière : le réagencement et le découpage du texte théâtral par le metteur en scène, la dimension chorale, le travail de l’acteur fondé sur l’improvisation. Ces techniques sont nourries par le lien qu’elle entretient avec le café-théâtre, en particulier le Café de la Gare, à travers son mari de l’époque, Rufus (ils ont une fille, Zoé Narcy, en 1976, devenue autrice, comédienne et technicienne lumière au Théâtre du Rond-Point). Elle y approfondit son esthétique théâtrale (rupture du quatrième mur, lien musique-théâtre, théâtre d’objet) mais surtout elle développe, dès ses années de formation, la conviction de la nécessité d’un théâtre politique, engagé, féministe, qui soit une lutte constante pour faire entendre la voix des plus petits dans la société. Pour elle, cette lutte doit se faire par le biais de la poésie, de la musique, et de l’ironie comme alternatives à la violence sociale.
Ses premiers spectacles sont un succès : Un, deux, trois… Soleil ! avec Françoise Decaux est créé en 1972 à l’Arlequin-Parnasse et joué pendant près de dix ans (Théâtre Jean Vilar, Festival d’Avignon, Théâtre Mouffetard, Café de la gare, puis Arras, Orléans, Toulouse, Lille, etc.). Il est suivi par La Paille et la Poutre, toujours avec Françoise Decaux, qui installe le duo sur les scènes françaises.
En 1971, elle fonde la compagnie Polygène qui devient le cadre pour la production de ses spectacles : elle revendique la place du metteur en scène comme un deuxième auteur, aussi important et légitime que l’auteur du texte. Avec les membres de la compagnie Polygène et le Théâtre de l’Unité, à la suite d’une rencontre avec La Ligue d’Improvisation du Québec au Théâtre de la Commune, elle fonde en 1981 la Ligue d’Improvisation Française. Elle est par ailleurs maîtresse de conférences à l’Université Paris 8 – Vincennes-Saint-Denis au sein du département d’Études Théâtrales. Elle y entre à la fondation de l’Université et y enseigne les techniques de l’improvisation, du jeu d’acteur, des ateliers d’écritures et, plus tard, du théâtre en langue étrangère. Le théâtre universitaire lui permet de poursuivre son engagement politique : par ses spectacles mêlant étudiant.e.s et professionnel.le.s du théâtre, elle se fait l’intermédiaire entre la cité et le théâtre, en particulier pour y relayer les luttes étudiantes. Ainsi, en 1989, l’Université Paris 8 lui commande une grande fresque théâtrale, Viengt’en à Vincennes ou les Bannières de mai, pour célébrer les vingt ans de l’université, où elle utilise les slogans de mai 68 pour faire écho aux revendications étudiantes contemporaines.
Durant la dernière partie de sa carrière, elle se spécialise dans le théâtre plurilingue, avec des co-productions avec la Lituanie (La Reine Christine, d’après Strindberg, Vilnius, 1991) et l’Italie (L’Arte della Commedia, une rencontre européenne, en 2008 d’après Eduardo de Filippo, Université de Bologne, puis Gabriele, en 2010 d’après Fausta Paravidino et Giampiero Rapa) : ces spectacles sont joués en plusieurs langues, sans sur-titres, et se fondent sur la conviction profonde de l’existence d’une communauté culturelle européenne dépassant les langues et où le théâtre est l’instrument privilégié d’un lien par-delà les frontières.
Elle décède en décembre 2015 des suites d’un cancer et laisse derrière elle une importante œuvre inédite composée de plus de trente textes théâtraux et d’un roman-manifeste, À la fenêtre, un rideau.
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