Société d'Histoire du Théâtre

Notice


Autrice et metteuse en scène, Gilberte Tsaï travaille à partir de matériaux non théâtraux (récits de vie, romans, écrits philosophiques) en France et à l’étranger. Née en 1949 d’une mère française et d’un père chinois, elle débute le théâtre par la marionnette à Lyon. Elle fonde le Théâtre Tsaï en 1974 et obtient sa première subvention cette même année puis monte des spectacles pour enfants à partir de textes qu’elle écrit ou adapte : Ceci n’est pas une pomme (1974), Neige-Blanche et Roserouge (1976), Une cuiller pour papa, une cuiller pour maman (1977). Ces spectacles, co-produits par le Théâtre National de Strasbourg (TNS), sont programmés par plusieurs festivals et centres dramatiques nationaux, et tournent dans des écoles, en région et en banlieue parisienne. En 1979, Gilberte Tsaï monte Les Transparents, une adaptation des Trois soldats de Bertold Brecht. Elle explique sortir du « ghetto » du théâtre pour enfants en montant des spectacles joués par des enfants pour un public adulte : À contrejour (1980) puis Tel un enfant à l’écart (1982) au TNS et enfin, Celui qui ne parle pas (1983), un montage de textes qu’elle commande à des philosophes dont Jean-Luc Nancy Philippe Lacoue-Labarthe et Hélène Cixous. Pierre Barrat la sollicite pour la mise en scène de Temboctou au Festival d’Avignon en 1982, adaptation musicale du Voyage à Tombouctou de René Caillié, première expérience de théâtre musical marquante.

En 1986, Gilberte Tsaï rencontre le chanteur baryton de l’opéra de Pékin, Shi Kelong, et un groupe de chanteurs et musiciens de Chine populaire, des Chinois de Taïwan et de Hong Kong, et monte, à partir de leurs récits et de courts textes de Jean-Christophe Bailly, Voyage en Chine intérieure (1986), spectacle qui expose différents témoignages sur la Révolution culturelle. Avant une tournée mondiale, Voyage en Chine intérieure fait salle comble au Festival d’Avignon de juillet 1986, dirigé par Alain Crombecque, dont plus de 40% de la programmation théâtrale est portée par des metteuses en scène. Trois autres créations de Gilberte Tsaï seront consacrées à sa relation avec la Chine : Noces de bambou (Festival d’Automne, 1998), récit d’un mariage dans un café restaurant français, Song (Odéon, 1999), récits et chants qui retracent 50 ans d’histoire contemporaine de la Chine, dix ans après les évènements de la place Tian’anmen, et L’Ombre perdue, récit fictionnel s’inspirant à la fois d’un roman de Chamisso et de l’histoire des émigrés chinois en France, créé en 2014 à Langzhong (Sichuan). Parallèlement, en 1986, dans le cadre du bicentenaire de la Révolution française, Gilberte Tsaï crée, devant le Lincoln Center de New York, Tales of exile, un hommage aux victimes des manifestations de la place Tian’anmen, d’après Les Villes invisibles d’Italo Calvino, en collaboration avec la chorégraphe sino-japonaise Ruby Shang. En 1991, elle demande à des peintres de lui décrire un tableau impossible à réaliser qu’elle pourrait faire exister au théâtre, et crée à la Maison de la Culture de Bourges, Tableaux impossibles. Elle explique ainsi donner la parole à ceux qui ne l’ont pas : les enfants, les émigrés, les plasticiens. Avec le paysagiste Gilles Clément qui compose un jardin sur scène, Gilberte Tsaï monte La Main verte en 1991 à La Coupole de Melun Sénart, spectacle sur les jardins et notre lien à la nature à travers le temps. En 1996, elle adapte l’œuvre entière de Balzac dans Conversations entre onze heures et minuit créé à la MC93 de Bobigny.

Gilberte Tsaï est nommée par Catherine Trautmann en juillet 2000 à la direction du Centre Dramatique National de Montreuil. Elle a pour mission de construire un théâtre et de transformer le Centre dramatique pour l’enfance et la jeunesse en un CDN ouvert à tous qu’elle dirige jusqu’en 2011. Elle y programme des chorégraphes comme Toméo Vergès ou Olivia Grandville, ou en 2002, dix ans avant que le président de la République ne rende hommage à la mémoire des victimes, Requiem, opus 61, spectacle de Mohamed Rouabhi sur le massacre d’Algériens par la police française en octobre 1961. Gilberte Tsaï propose aussi un cycle de conférences « Lumières pour enfants », où des intellectuel.le.s et des artistes s’adressent à des enfants. Elle met en scène dans son théâtre, La Nuit blanche (2000), un montage de textes d’Arlette Farge sur le XVIIIe siècle, et une série de trois spectacles, Sur le vif (2003). Gilberte Tsaï commande, au cours du processus de création, des textes à Jean-Christophe Bailly. Elle est à l’époque la seule femme à faire partie de l’ACID (association pour la création et l’innovation dans la décentralisation dramatique) pour laquelle elle est trésorière et chargée des relations avec le SYNDEAC.

Gilberte Tsai a été une des premières à convier sur scène, des enfants, des émigrés, des non-professionnel.le.s du théâtre portant leur propre parole. Elle est également précurseuse des questions du vivant au plateau, qu’il s’agisse des plantes, scéniquement présentes, ou de la condition animale. Ses mises en scène sont une exploration autour des lieux et du propos : dans Une nuit à la bibliothèque (2001, 2005), les livres discutent entre eux ; pour La Main Verte, le temps de lumière nécessaire aux plantes conditionne les répétitions ; Roissy-Express 2016, sa dernière création, est un parcours multimédia présenté dans plusieurs villes de la ligne B du RER et à la Maison de la Poésie à Paris.

Mises en scène


  • Ceci n’est pas une pomme, texte de Gilberte Tsaï inspirée par l’œuvre de Magritte, créé en 1974 dans des établissements scolaires, Lyon (France). Repris les 18-25 juin 1975, Théâtre National de Strasbourg, Strasbourg (France).
  • Neige-blanche et Roserouge, texte de Gilberte Tsaï sur un conte de Grimm, créé en 1974, Lyon (France).
  • Une cuiller pour papa, une cuiller pour maman, créé le 22 juin 1977, école de Strasbourg, Stransbourg (France).
  • Les Transparents, texte de Gilberte Tsaï, adaptation des Trois soldats de Brecht, créé en mai 1979 dans les écoles à Strasbourg et dans le Bas-Rhin (France).
  • A Contrejour, texte de Gilberte Tsaï, en collaboration avec les enfants de l’école primaire les Hirondelles de Lingolsheim, créé en février 1980 à Strasbourg (France).
  • Tel un enfant à l’écart, texte de Michel Deutsch, créé le 1er avril 1982 au Théâtre National de Strasbourg, Strasbourg (France).
  • Temboctou, co-mis en scène avec Pierre Barrat, texte de Bernard Chartreux d’après Voyage à Tombouctou de René Caillié, musique de François-Bernard Mâche avec l’atelier lyrique du Rhin, créé le 11 juillet 1982 dans le cadre du Festival d’Avignon au Cloître des Carmes, Avignon (France).
  • Celui qui ne parle pas, sur des textes commandés par Gilberte Tsaï à Bernard Chartreux, Hélène Cixous, Jean-Luc Nancy, Michel Deutsch, Philippe Lacoue-Labarthe joués par des enfants, créé le 17 mai 1983 à la Maison de la culture, Grenoble (France).
  • Celui qui ne parle pas (suite), sur des textes commandés par Gilberte Tsaï à Bernard Chartreux, Hélène Cixous, Jean-Luc Nancy, Michel Deutsch, Philippe Lacoue-Labarthe joués par des enfants reprise du spectacle dans une autre distribution avec les enfants de l’école élémentaire de la rue du Clos XXe, créé le 16 mai 1984 au Théâtre de l’Est parisien, Paris (France).
  • Turbulence, sur des textes commandés par Gilberte Tsaï à Jean-Christophe Bailly, Michel Deutsch, Hélène Jelen et Jean-Luc Nancy interprétés par des adolescents des collèges du XXe arrondissement de Paris, créé le 7 juin 1985 au Théâtre de l’Est Parisien, Paris (France).
  • Voyage en Chine intérieure, textes de Gilberte Tsaï et de Jean-Christophe Bailly à partir des récits des acteurs et actrices et de Moi Arcade, interprète du Roi Soleil de Danielle Elisseeff, créé le 31 juillet 1986 dans le cadre du Festival d’Avignon à l’Hospice Saint-Louis, Avignon (France).
  • Tales of Exile, adaptation par Gilberte Tsaï de Les villes invisibles d’Italo Calvino, spectacle en anglais en collaboration avec la chorégraphe sino-japonaise Ruby Shang, créé le 14 juillet 1989, dans le cadre du Bicentenaire de la Révolution française, à la Fountain Plaza du Lincoln Center, New York (Etats-Unis).
  • Tableaux impossibles, textes de Gilles Aillaud, Ghérasim Luca, Anne Torrès, Michel Deutsch, Jean-Christophe Bailly, Jean Ferry et extraits de La Pharsale de Lucain, avec la collaboration des peintres Gilles Aillaud, Bernard Moninot, Piotr Kowalski, François Martin, Jacques Monory, Christos Tzivelos, Jan Voss , créé le 15 janvier 1991 à la Maison de la Culture, Bourges (France).
  • Appartement témoin, texte de Gilberte Tsaï, créé le 19 novembre 1992 dans le cadre du Festival d’Automne au Théâtre de la Cité internationale, Paris (France).
  • De plein fouet, texte de Mohamed Rouabhi, créé le 19 novembre 1992 dans le cadre du Festival d’Automne au Théâtre de la Cité internationale, Paris (France).
  • L’Importance d’être d’accord, opéra didactique de Brecht, créé 3 juin 1993 au Théâtre Granit, Belfort (France). La Main verte, textes assemblés par Gilberte Tsaï, créé le 6 février 1994 à La Coupole, Combs-la-Ville (France).
  • Fuochi Sparsi, de Jean-Christophe Bailly, créé le 27 septembre 1994 dans le cadre du Festival de Parme, à la Fondation Magnani-Rocca, Corte de Mamiano, (Italie).
  • Une nuit à la bibliothèque, de Jean-Christophe Bailly, créé le 25 septembre 1999 à la Bibliothèque Palatine, Parme (Italie).
  • Song, textes issus d’un travail collectif sous la direction d’Anne Fischer et Gilberte Tsaï, créé le 19 octobre 1999 à La Cabane de l’Odéon – Théâtre de l’Europe, Paris (France).
  • Une nuit à la bibliothèque, de Jean-Christophe Bailly, création en russe, avec des acteurs russes, le 18 avril 2001, Théâtre Drama Académique de la ville de Saratov, Saratov (Russie).
  • Concert de la main verte, créé le 2 juin 2002, Jardin des Tuileries, Paris (France).
  • Sur le vif, Fable mélancolique sur le déclin des espèces sauvages, textes de Jean-Christophe Bailly, créé le 6 mars 2003 au Nouveau Théâtre de Montreuil, Montreuil (France).
  • Sur le vif 2, Le Gai savoir, créé le 27 septembre 2004 au Nouveau Théâtre de Montreuil, Montreuil (France).
  • Sur le vif 3, Villegiatura (polichinelleries), textes de Jean-Christophe Bailly et Serge Valletti, créé le 17 juin 2005 au Teatro Farnese, Parme (Italie).
  • La Femme dans le coffre (Sur le vif 3), extrait de On n’y voit rien de Daniel Arasse, créé le 26 septembre 2005 en appartement, Nouveau Théâtre de Montreuil (France).
  • Carton plein (Sur le vif 3), de Serge Valletti, créé le 26 septembre 2005 en appartement, Nouveau Théâtre de Montreuil (France).
  • Une nuit à la bibliothèque, de Jean-Christophe Bailly, créé le 29 octobre 2006 à la Bibliothèque nationale, Téhéran (Iran).
  • Ce soir on improvise, d’après Luigi Pirandello, créé le 12 janvier 2008 pour l’inauguration du Nouveau Théâtre de Montreuil, Montreuil (France).
  • Vassa 1910, d’après la pièce Vassa Geleznova de Maxime Gorki, créé le 19 mars 2009 au Nouveau Théâtre de Montreuil, Montreuil (France).
  • Parcours sensible dans les jardins, créé le 30 octobre 2009 dans le parc municipal de Limoges, Limoges (France).
  • Le Mystère du bouquet de roses, texte de Manuel Puig traduit par Gilberte Tsaï, créé le 11 février 2010 au Nouveau Théâtre de Montreuil, Montreuil (France).
  • Le Jeu de l’île, textes de Marivaux, créé le 3 février 2010 au Nouveau Théâtre de Montreuil, Montreuil (France).
  • S’envoler… conte boréal, texte de Jean-Christophe Bailly et de Gilberte Tsaï d’après Selma Lagerlöf Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, créé le 2 février 2012 au Nouveau Théâtre de Montreuil, Montreuil (France).
  • L’Ombre perdue, créé le 5 juin 2014 à Langzhong, Sichuan (Chine) dans le cadre du « Festival Croisements 2014 », cinquantième anniversaire des relations France-Chine
  • Roissy-Express, montage de textes et d’interviews en référence au livre Les Passagers du Roissy-Express de François Maspero, créé le 24 janvier 2014 au Centre Culturel André Malraux, Le Bourget (France).

Références bibliographiques


  • Janick Arbois-Chartier, « Gilberte et le téléphone de bambou », Télérama, n°1905, 16 juillet 1986, p. 28-29.
  • Chantal Boiron, « Capter la vie. Entretien avec Gilberte Tsaï », Théâtre/ Public, n° 156, novembre-décembre 2000.
  • Zoé Lin, « Le théâtre en chantier. Entretien », L’Humanité, lundi 27 novembre 2000.
  • Armelle Héliot, « L’art délicat de Gilberte Tsaï », Le Figaro, 14 février 2001.
  • Raymonde Temkine, « Voyage en Chine intérieure », Acteurs, n°38-39, juin-juillet, 1986, p. 26-28.
  • Gilberte Tsaï, « Confronter le théâtre aux autres arts », dans Josette Féral, Mise en scène et jeu de l’acteur : entretiens. Tome III, Voix de femmes, Montréal, Paris, éd. Québec Amérique, 2007, p. 449-463.

Récompenses / Distinctions


Lauréate Villa Médicis hors les murs (1987)
Officier de l’Ordre des arts et des lettres (1992)
Chevalier de l’Ordre national du mérite (1999)

Société d'Histoire du Théâtre

Abonnement

L’abonnement annuel constitue le soutien essentiel aux activités éditoriales de la Société d’Histoire du Théâtre et à leur pérennité. Il inclut les envois papier, l’accès aux versions numériques et à nos archives.

S’ABONNER EN LIGNE À LA VERSION PAPIER+NUMÉRIQUES’ABONNER EN LIGNE À LA VERSION NUMÉRIQUE

ABONNEMENT-RHT-2025